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Géopolitique

Intelligence économique et tourisme, une industrie en guerre

By 14 février 2009juin 27th, 2022No Comments
intelligence économique et tourisme

Le tourisme, une industrie en guerre. Ce titre peut paraitre choquant, mais il illustre une réalité. L’intelligence économique et le tourisme français doivent s’allier pour relever les défis.

Et pour exprimer cette réalité, je laisse le clavier à une spécialiste du domaine, Stéphanie Gourdon :

La France : toujours leader dans le tourisme ?

« Les concurrents de la destination France, autrefois au nombre de 50, sont aujourd’hui plus de 580 (a)? Ce chiffre est brut et brutal. La Direction du Tourisme a présenté officiellement ce nombre il y a quelques années. Il révèle à lui seul parfaitement la situation concurrentielle féroce que connaît le pays et la fragilisation de sa position sur l’échiquier mondial qui en découle. Mais qui a réagi à cette menace ?

La France peut encore se prévaloir selon les statistiques, d’occuper le premier rang des destinations mondiales pour le nombre d’arrivées (82 millions en 2007). Néanmoins, elle ne parvient toujours pas à remonter dans le classement des destinations en termes de dépenses. Elle se cantonne même à la troisième place avec 54,2 milliards de dollars, place qu’elle occupe depuis des années maintenant, loin derrière les Etats-Unis (96,7) et l’Espagne (57,8).

Le tourisme rencontre de nouvelles problématiques

En tant que destination leader, la France subit la pression de la concurrence. Elle doit aujourd’hui faire face à certaines problématiques sous-tendant des enjeux forts. Les principales sont l’érosion de la fréquentation touristique et des dépenses. Le phénomène de rejet de la population par rapport à une sur fréquentation et une congestion de certains espaces et périodes. Egalement, une perte de compétitivité des entreprises touristiques ou encore la prévision d’augmentation des flux à 10-20 ans qu’il va falloir gérer.

De nouvelles décisions doivent être prises

En un mot, il devient primordial de prendre enfin des décisions nécessaires. Elles viseront à maintenir un niveau de compétitivité et de performance des entreprises et un niveau d‘attractivité de nos territoires. Cette attractivité doit être satisfaisante pour (re)gagner des parts de marché sur nos concurrents actuels et émergents. L’enjeu étant, au-delà de simplement survivre, de déployer une véritable stratégie de puissance, permettant de continuer d’occuper la place qui est la nôtre à l’international. En effet, elle peine à élaborer une politique culturelle qui lui permette de rayonner et conserver son influence à l’étranger. De même, la France peine à comprendre les enjeux stratégiques que revêt le tourisme et scie la branche sur laquelle elle est assise.

La France s’obstine à comptabiliser les touristes qui ne font que la traverser et se félicite du nombre croissant d’arrivées. Pendant ce temps, un nombre croissant de destinations n’hésitent pas à investir à coups de milliards de dollars pour préparer le tourisme de demain. Que ce soit parce qu’elles s’ouvrent enfin comme la Chine ou parce qu’elles préparent l’après pétrole.

L’intelligence économique et tourisme : une solution salvatrice ?

Si les actions à déployer sont connues et appelées de leurs vœux par la plupart des acteurs touristiques, il en est une, essentielle, trop souvent occultée. La mise en œuvre d’une véritable politique concertée d’Intelligence Economique appliquée au tourisme. Aussi qualifiée par le Haut Responsable à l’Intelligence Economique, Alain Juillet, d’« intelligence touristique ». Cette politique devrait bien sûr associer toutes les forces vives, dans le cadre d’un partenariat public-privé intelligent.

Encore de nombreux freins…

Malheureusement des freins demeurent. Par exemple notre fameux « esprit de clocher ». Ce dernier nous empêche depuis toujours de nous unir pendant que les autres avancent. Egalement l’absence d’homogénéité des systèmes d’observation est un véritable frein. La fâcheuse tendance à nous voiler les yeux et boucher les oreilles pour continuer de dormir sur nos lauriers ou encore cette déconcertante habitude à accumuler les rapports sans les assortir des moyens à la hauteur des objectifs sont de véritables problématiques.

Aller au delà des rapports pour tendre vers des actions concrètes

Le dernier rapport est réalisé par le Boston Consulting Group. il a d’ailleurs été présenté cet été lors des Assises Nationales du Tourisme. Je me souviens avoir entendu avec plaisir Hervé Novelli. Il est le Secrétaire d’Etat chargé du Commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes Entreprises, du Tourisme et des Services. Il a donc évoquer une première « mise en place d’une observation et de statistiques fiables, sur des méthodes éprouvées permettant une véritable action d’Intelligence Economique ». Les actions réellement mises en place depuis illustrent néanmoins le chemin qu’il reste à parcourir, avant de que de voir mise sur pied une vraie politique d’Intelligence Economique, aujourd’hui réduite à sa portion congrue ».

Stéphanie Gourdon

Professionnelle du tourisme. Auditrice à l’‘EGE.

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(a) : Précisions sur l’augmentation de la concurrence touristique :
– Extrait du site Tourisme.gouv.fr. « Bien que première destination touristique mondiale, la position de la France est de plus en plus menacée : on comptait 50 destinations concurrentes il y a 20 ans, il en existe quelques 580 aujourd’hui, avec des offres extrêmement compétitives. » 27-10-2004
– Extrait de la clôture des Assises nationales du Tourisme : « La concurrence internationale s’amplifie, la compétition entre destinations s’aiguise. Le nombre de destinations touristiques répertoriées dans le monde, pays régions ou villes, est passé en 20 ans de 50 à plus de 580. » 01/12/2004

Voir sur le même sujet le billet d’hier.

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