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Stratégie

A lire: Le Livre secret des fourmis, encyclopédie du savoir relatif

By 19 janvier 2008février 3rd, 2023No Comments
secret des fourmis

Alors que Bernard Werber sort son dernier ouvrage « Le Mystère des Dieux », je suis tombé sur un de ces anciens livres « Le Livre secret des fourmis,encyclopédie du savoir relatif et absolu« .

Le Livre secret des fourmis

Ce livre sur le secret des fourmis … fourmille (le jeu de mot s’impose) d’idées originales. En voici trois (sur trois posts) qui ont retenu mon attention. Bernard Werber présente page 225 les règles d’Alynski. En 1970, Saul ALYNSKI, ancien étudiant en archéologie, ancien gangster d’Al Capone, fondateur du plus grand syndicat américain, publiait un manuel énonçant dix règles tactiques pour survivre en société. Les voici :

Pouvoir

1- « Le pouvoir n’est pas ce que vous possédez mais ce que votre adversaire s’imagine que vous possédez. »
Voila qui est pertinent !
2- « Sortez du champ d’expérience de votre adversaire. Inventez de nouveaux terrains de lutte dont il ignore encore le mode de conduite. »
Règle primordiale en temps de guerre !
C’est cette règle qui a fait la force des guérillas. L’ennemi, généralement supérieur en nombre et en technologie se voyait embourbé dans des terrains où sa supériorité ne lui procurait aucun avantage. C’est aussi ce qui a causé la perte des Grecs lors des premières confrontations avec les Perses. Les Grecs étaient habitués à des combats très structurés entre cités hellènes, avec des règles codifiées. Ils ont été « massacrés » par des Perses, qui plutôt qu’affronter de front (désolé pour le pléonasme) les redoutables phalanges hoplitiques, les ont pris à revers grâce à leur cavalerie. La phalange étant un bloc presque monolithique (chaque hoplite couvrant son voisin de la moitié de son bouclier, ce qui en faisait sa force), elle ne pouvait pas se retourner. Sa force est devenue sa faiblesse.
3- « Combattez l’ennemi avec ses propres armes. Utilisez pour l’attaquer les éléments de son propre code de référence. »
Ce point vient en complément du précédent. Les deux sont à utiliser simultanément.
4- « Lors d’une confrontation verbale, l’humour constitue l’arme la plus efficace. Si on parvient à ridiculiser l’adversaire ou, mieux, à contraindre l’adversaire à se ridiculiser lui-même, il lui devient très difficile de remonter au créneau. »
Cela me fait penser au film le « Nom de la Rose » (du livre d’Umberto Eco). Quand le vénérable Jorge de Burgos, lors d’une confrontation avec Guillaume de Baskerville, lui avoue que le livre recherché est le plus dangereux de tous contre la religion car il apprend le rire aux Hommes. Si les hommes savent rire, ils riront aussi de Dieux. S’ils rient de Lui, ils n’en auront plus peur. Et c’en sera fini de la religion !

Tactique

5- « Une tactique ne doit jamais devenir une routine, surtout lorsqu’elle fonctionne. Répétez-la à plusieurs reprises pour en mesurer la force et les limites, puis changez-en. Quitte à adopter une tactique exactement contraire. »
Force de la surprise.
6- « Maintenez l’adversaire sur la défensive. Il ne doit jamais pouvoir se dire : « Bon, je dispose d’un répit, profitons-en pour nous réorganiser. » On doit utiliser tous les éléments extérieurs possibles pour maintenir la pression. »
Bien enseigné dans le cadre des Échecs. Toujours jouer de manière à imposer à l’adversaire un mouvement.
7- « Ne jamais bluffer si on n’a pas les moyens de passer aux actes. Sinon, on perd toute crédibilité. »
Juste une remarque. Dans ce cas là, ce n’est plus du bluff. C’est une menace.
8- « Les handicaps apparents peuvent se transformer en les meilleurs atouts. Il faut revendiquer chacune de ses spécificités comme une force et non comme une faiblesse. »
De la même manière, on dit « qu’une manie est une qualité mal employée. »

Cibles

9- « Focaliser la cible et ne pas en changer durant la bataille. Il faut que cette cible soit la plus petite, la plus précise et la plus représentative possible. »
Un exemple historique me vient en tête : le vase de Soissons. Clovis, alors jeune chef des Francs Saliens, a été humilié par un de ses soldats lors du partage du butin de Soissons. Ce soldat a fixé pour le futur dirigeant, l’opposition à sa suprématie. Plusieurs années plus tard, Clovis était assez fort pour s’imposer. Son objectif « politique » s’était confondue avec cet opposant, dont il a fracassera le crane en criant « Souvient-toi du vase de Soissons ».
Je profite de cette digression pour rappeler (ce qui est peu connu) que les rois de France se sont voulus les successeurs de Clovis, dont le nom latinisé était Chlodovicus. Pour rappeler cette filiation « spirituelle », ils ont porté le même nom : Louis est la contraction de Chlodovicus (progressivement, l’usage simplifia son nom en Hludovicus puis Ludovicus, puis Louis).
Je me permets une autre digression, tout aussi porteuse de sens, Tsar vient de Cesar (orthographié Czar avant 1914). La Russie impériale se voulant la continuation de l’empire Romain.
10- « Si on obtient la victoire, il faut être capable de l’assumer et d’occuper le terrain. Si on n’a rien à proposer de nouveau, il ne sert à rien de tenter de renverser le pouvoir en place. »
Cela ressemble bigrement à du Sun Tzu.
Lire les deux autres notes de lecture sur le livre de Werber et le secret des fourmis : éthologie de l’organisation et les phéro-blogues.
Jérôme Bondu

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