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Gestion des risques

Le renseignement à l’épreuve de la mondialisation

By 2 juin 2008juin 18th, 2022No Comments
Renseignement

Le magazine « Défense » de décembre-novembre 2007 édité par l’Union-IHEDN a consacré un dossier très intéressant au renseignement. Ce dossier de 31 pages, intitulé « Le renseignement à l’épreuve de la mondialisation« , dresse un bon panorama du sujet.

Le renseignement français en proie à des turbulences

L’amiral Lacoste, en introduction, rappelle que le propre du renseignement est de savoir s’adapter aux menaces. Or, le paysage mondial est loin d’être apaisé, ce qui pourrait indiquer que ce métier a de beaux jours devant lui. Si les Britanniques ont su préserver le rôle et l’image du renseignement, ce n’est pas le cas en France. Depuis l’affaire Dreyfus jusqu’au Rainbow Warrior, en passant par Vichy et la guerre d’Algérie, « les services secrets français n’ont pas été épargnés par les turbulences » politiques.
L’amiral rappelle aussi les bienfaits « d’une meilleure coordination » entre les différents acteurs du renseignement.

Une coordination nécessaire

Le thème de la coordination est largement repris dans les deux articles suivant, dont celui de Jean-François Clair, intitulé « Une mission de sécurité qui doit relever d’un service unique », et celui de Roger Bensadoun et Patrick Rougelet, intitulé « Vers une direction centrale du renseignement intérieur« . Ces derniers rappellent une vérité mainte fois vérifiée, affirmant que « les textes seuls ne sont pas suffisants pour une véritable réforme en profondeur. Encore faut-il aussi compter avec la fusion des mentalités, la synthèse des cultures associées et l’apparition d’un savoir-faire commun ».

Renseignement et terrorisme

L’article d’Alain Chouet, « Les services extérieurs face à la menace terroriste » revient sur cette menace qui à certains moments de notre histoire a été qualifiée comme la préoccupation numéro 1. J’en retire quelques belles citations :
« Contrairement à un cliché complaisamment répandu, le terrorisme n’est jamais « aveugle » et c’est à dessin qu’il frappe des « innocents  » (que dirait-on d’ailleurs d’une violence qui frappe des « coupables » ?). Car le but du terrorisme est de terroriser, de tétaniser et de diviser un adversaire supérieur en force et en nombre, d’annihiler sa capacité de résistance collective. »
Sur la médiatisation des actions terroristes, et le rôle des politiques : « C’est exonérer sa responsabilité à bon compte et entrer dans le jeu des terroristes que de faire de la surenchère à l’horreur, de donner une importance exagérée à leur action, de répondre de manière démesurée à leurs attaques et de faire « monter les enchères » ».

Le renseignement économique

Alain Juillet traite du « Renseignement économique en France ». Il présente notamment les pratiques des Japonais, Soviétiques et Américains en la matière. Il revient sur l’importance d’une coopération entre le public et le privé « dans un esprit de partenariat où chacun doit être gagnant-gagnant dans une sorte de fertilisation croisée ».

Les autres apports de la revue Défense 

Patrick Moreau, dans un long et passionnant article, présente les pratiques des Services des pays du système communiste de 1917 à 1990. L’auteur postule que « sans cette efficacité de l’espionnage communiste, le système soviétique serait entré bien avant les années 80 en crise ». Il ajoute ensuite que « Les réseaux d’espionnages installés de part le monde par les services soviétiques jusqu’en 1991 ont en majorité survécu à la disparition de l’URSS et sont intégrés dans les activités d’espionnage russe contemporaine ».

On peut être frappé par deux choses : D’une part la force de la répression (entendre la liquidation des opposants politiques) opérée par ces services avec à leur actif des centaines de milliers de morts. D’autre part le climat d’oppression qui devait en résulter, car ces pays étaient littéralement quadrillés par des informateurs. » Le MfS* tenait le record, avec en 1989, 91015 collaborateurs, soit 1 tchékiste pour 180 habitants en RDA. En URSS, le rapport était de 1 à 595″. Outre l’effet nombre, comme les réseaux étaient multiples, redondants, s’observant les uns les autres, il n’était possible de se fier à personne.

Jean-Pierre Ferey a eu la chance de bénéficier de « Portes ouvertes à la DRM**« . On le suit dans sa visite d’un endroit qui n’avait jamais été auparavant ouvert à un journaliste.

Pour finir…

Enfin, Philippe Charrier conclue ce dossier en rappelant l’importance de « l’irremplaçable renseignement humain ». Chaque outil du renseignement (voir, entendre, collecter, sentir, prouver, interpréter) est illustré d’anecdotes évocatrices.

Onze articles en tout (je ne les ai pas tous repris) qui donnent une bonne compréhension, loin des james-bonderies, de ce qu’est cet outil indispensable de souveraineté.

Laissons le mot de la fin à l’Amiral Lacoste « Le secret d’Etat est légitime au même titre que le respect de la confidentialité de la vie privée ».

Pour approfondir la thématique du renseignement

N’hésitez pas à consulter nos formations, et notamment « Mettre en place et optimiser une veille géopolitique« .
Jérôme Bondu

* MfS : ministère de la sécurité d’État en RDA (Ministerium fûr Staatssicherheit). 91 015 collaborateurs / 174 000 informateurs.

*** DRM : Direction du Renseignement Militaire

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