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Gestion des connaissances

A lire : Tout est chimie dans notre vie

By 20 janvier 2020août 29th, 2023No Comments
tout est chimie dans notre vie

J’ai lu « Tout est chimie dans notre vie » de Mai Thi Nguyen-Kim  . Lire un livre de vulgarisation scientifique de temps en temps ne fait pas de mal. Celui-là est passionnant et se lit très facilement. D’autant que quelques passages du livre justifient ce petit billet dans ce blog consacré à la gestion des informations et à l’intelligence économique. En effet au travers d’explications sur les molécules, atomes et autres réactions chimiques, on y découvre des réflexions sur l’accès aux informations, leur analyse, la créativité … Et c’est vraiment sympa!

Inhibition aux informations

L’ouvrage de Mai Thi Nguyen-Kim donne les principales clés de compréhension des phénomènes chimiques. À ce titre j’ai particulièrement été intéressé par le neurotransmetteur GABA (ou acide gamma-aminobutyrique) qui agit sur le cerveau avec la consommation d’alcool. Quand on boit de l’alcool, on sécrète plus de GABA qu’en temps normal. Le neurotransmetteur se fixe sur un récepteur, inhibe la communication, et réduit le nombre des signaux transmis. Elle explique « En temps normal, le GABA est un neurotransmetteur très important par son activité inhibitrice. Il est évident que nous avons besoin de neurones actifs. Mais il faut savoir que dans notre cerveau, « plus » ne signifie pas forcément « mieux ». Le GABA nous aide aussi à trier les informations et à distinguer les différents stimulus ».
Intéressant… Et je me demande s’il n’y aurait pas des parallèles à faire entre le développement d’une activité d’intelligence économique dans une organisation et le fonctionnement d’un cerveau. La mise en place d’une veille serait assimilée au fonctionnement du GABA qui filtre mieux les informations pour permettre de mieux décider. Sauf évidemment en cas d’excès de GABA où l’entreprise deviendrait soule et incapable de décider convenablement 🙂

Exploitation des travailleurs du savoir

Elle présente les relations au sein des universités et l’esclavage des postdocs. Elle publie in extenso la lettre d’un professeur de chimie de l’université Catech… Ce dernier tance vertement un de ces postdocs et lui explique qu’il doit travailler soir et weekends s’il veut garder sa place. Extrait « outre le programme quotidien habituel, j’attends de tous les membres du groupe qu’ils travaillent le soir et le weekend. Tu constateras que c’est la norme ici à Caltech. (…) J’ai remarqué que tu ne t’étais pas présenté au labo pendant plusieurs weekends, et plus récemment le soir (…) J’attends de toi que tu corriges immédiatement ton éthique professionnelle ».
Là encore il y a des parallèles à faire. L’exploitation n’est pas uniquement le fait des travailleurs manuels et sous-qualifiés. Elle se porte aussi sur les sur-qualifiés.

Perception de la vérité

Elle rappelle la parabole des aveugles et de l’éléphant, si importante en recherche.

« Les aveugles et l’éléphant » est une fable indienne issue du jaïnisme qui a été rendue célèbre par le poète américain John Godfrey Saxe. Elle met en scène six aveugles qui en touchant des parties différentes d’un éléphant se font des idées différentes et toutes fausses de ce qu’est en réalité l’animal. Cette fable nous conduit à réfléchir sur notre perception de la vérité, forcément partielle et partiale, et nous invite à plus d’ouverture et d’humilité. L’auteure explique : « Pour s’approcher de la réalité, il faut d’abord être en mesure de percevoir l’animal dans son ensemble, en assemblant toutes les observations – même celles qui sont contradictoires au premier abord – pour former une image cohérente ». Je copie-colle en bas de l’article le poème complet de John Godfrey Saxe sur la parabole des aveugles et de l’éléphant.

Créativité

Elle rappelle l’expérience de Kathleen Vohs qui montre qu’une pièce mal rangée permet plus de créativité. « Le chaos nous encourage donc à nous tourner vers l’inconnu, le non conventionnel, la nouveauté. »

Affaire du cheeseburger qui ne pourrissait pas

Elle s’appuie sur des scènes de la vie de tous les jours pour présenter les interactions chimiques. Elle fait référence aussi à des faits qui ont défrayé la chronique comme cette drôle d’affaire du cheeseburger qui ne pourrissait pas.
En bon scientifique elle explique que le cheeseburger « s’est juste desséché tellement vite que les bactéries et les champignons n’ont pas eu assez d’eau pour entamer leur travail de décomposition ». Il n’empêche, elle déconseille quand même la malbouffe.
Mai Thi Nguyen-Kim termine l’ouvrage sur une référence à Richard Feymann qui expliquait que les scientifiques voient les choses différemment.
Le livre se conclut avec une ode à l’esprit scientifique, à la recherche, à la soif de découverte, et l’émerveillement que procure le fait de voir la beauté à l’intérieur des choses.
« Tout est chimie dans notre vie » est à lire !

Sur un sujet similaire, on pourra lire :

Jérôme Bondu

 

Résumé de la 4ème de couverture

« Comment le dentifrice agit-il sur nos dents, les effets du café sur notre cerveau, l’incroyable chimie des odeurs corporelles, les molécules du stress, pourquoi dit-on « bruler ses graisses »… La chimie est partout et personne ne vous l’avait dit ! Mai Thi Nguyen-Kim, jeune chimiste passionnée, nous invite, le temps d’une journée, à parcourir le laboratoire de chimie qu’est notre vie, jusqu’à notre propre microbiome, un écosystème encore plus fort que le microbiote. L’occasion de découvertes surprenantes sur ce qui se passe dans la salle de bain, la cuisine, à la salle de sport ou la cafétéria, et sur les outils et produits que nous utilisons tous les jours. Des connaissances parfaitement accessibles, illustrées par 40 dessins. Attention, ce livre exerce une attraction chimiquement pure ! »

elephant

Je copie-colle ci-dessous le poème de John Godfrey Saxe sur la parabole des aveugles et de l’éléphant.

 

Parabole des aveugles et de l’éléphant

Six hommes d’Hindoustan, très
enclins à parfaire leurs connaissances,
allèrent voir un éléphant (bien que
tous fussent aveugles) afin que
chacun, en l’observant, puisse
satisfaire sa curiosité.
Le premier s’approcha de l’éléphant et
perdant pied, alla buter contre son flanc
large et robuste. Il s’exclama aussitôt :
« Mon Dieu ! Mais l’éléphant ressemble
beaucoup à un MUR ! »
Le second, palpant une défense, s’écria :
« Ho ! qu’est-ce que cet objet si rond, si
lisse et si pointu? Il ne fait aucun doute
que cet éléphant extraordinaire
ressemble beaucoup à une LANCE ! »
Le troisième s’avança vers l’éléphant et,
saisissant par inadvertance la trompe
qui se tortillait, s’écria sans hésitation :
« Je vois que l’éléphant ressemble
beaucoup à un SERPENT ! »
Le quatrième, de sa main fébrile,
se mit à palper le genou. « De toute
évidence, dit-il, cet animal fabuleux
ressemble à un ARBRE ! »
Le cinquième toucha par hasard à
l’oreille et dit : « Même le plus aveugle
des hommes peut dire à quoi ressemble
le plus l’éléphant; nul ne peut me
prouver le contraire, ce magnifique
éléphant ressemble à un ÉVENTAIL ! »
Le sixième commença tout juste à
tâter l’animal, la queue qui se balançait
lui tomba dans la main. « Je vois,
dit-il, que l’éléphant ressemble
beaucoup à une CORDE ! »
Ainsi, ces hommes d’Hindoustan
discutèrent longuement, chacun faisant
valoir son opinion avec force et
fermeté. Même si chacun avait
partiellement raison, tous étaient
dans l’erreur.
MORALE :
Trop souvent dans les guerres théologiques,
Les parties en conflit, je crois,
Se moquent dans la plus totale ignorance
De ce que veulent dire leurs opposants,
Et palabrent à n’en plus finir sur un Éléphant
Qu’aucune d’entre elles n’a jamais vu !

John Godfrey Saxe, poète américain (1816-1887)

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