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À lire : L’emprise – la France sous influence, de Marc Endeweld 1/3

By 28 septembre 2022octobre 3rd, 2022No Comments
La France sous influence

J’ai lu L’emprise – la France sous influence, de Marc Endeweld, édité au Seuil.

Je précise comme à chaque fois, que cette note de lecture n’est ni résumé ni une synthèse, et ne reflète que ma compréhension des propos de l’auteur. J’ai essayé de reprendre fidèlement quelques éléments du livre. Les phrases entre guillemets sont de l’auteur et n’engagent que lui. Je vais publier ma note en trois partie (lire le  deuxième et le troisième billet).

Marc Endeweld

J’ai découvert Marc Endeweld sur ThinkerView. Marc Endeweld est journaliste d’investigation. Il est l’auteur de L’Ambigu Monsieur Macron (Flammarion, 2015 ; Points, 2018) ainsi que Le Grand Manipulateur. Les réseaux secrets de Macron (Stock, 2019 ; Points, 2020).

La France sous influence

Ces 560 pages sont passionnantes. Marc a un fil conducteur : « celui des luttes de pouvoir et des batailles fratricides entre grands commis de l’État et chefs d’entreprise ambitieux qui œuvrent dans les coulisses de la République » (Le Monde).

Prologue – État d’impuissance
J’ai accroché dès la première phrase : « Personne ne s’en aperçoit, mais nous sommes revenus au temps de la guerre froide, et le nouvel ennemi des États-Unis, c’est la Chine (…) Les États-Unis ont peur de la Chine et ne souhaitent pas se faire ravir la première place sur le podium des grandes puissances. Qu’importe les dégâts collatéraux ». C’est exactement ce que j’explique depuis des années à chaque formation en intelligence économique. Face à ce bouleversement géopolitique mondial, l’auteur critique les erreurs du gouvernement actuel, mais aussi dans une moindre mesure les prédécesseurs. C’est un dossier à charge. On en ressort déstabilisé, en se demandant comment tout cela pourrait finir.

Partie I – Rester dans le jeu

Chapitre 1 – Grosse fatigue au Quai, est une critique de la diplomatie française.

Chapitre 2 – L’excuse de « l’État profond » : Marc Endeweld explique les deux grandes tendances en matière diplomatique : d’une part les gaullo-métterrandiens qui visent à trouver une place entre le camp américain et le camp russe. D’autre part, les occidentalistes qui se rangent sans remords derrière la bannière américaine. L’auteur critique le manque de consistance des positions françaises actuelles.

Chapitre 3 – Business en Arabie. Marc Endeweld fait remonter les liens entre la France et l’Arabie Saoudite à l’aide apportée par le GIGN et le SDECE pour reprendre le contrôle de la grande mosquée de La Mecque en 1979. Suite à ce coup de main, il y aura une augmentation des commandes militaires du royaume saoudien. L’auteur critique cette diplomatie économique « qui a remplacé toute vision de la place de la France dans le monde ». D’autant que le royaume joue un double jeu.

Partie II – Liaisons dangereuses

Chapitre 4 – L’amiral de l’Élysée
Ce chapitre de « La France sous influence » fait une analyse au vitriol du secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler, et de sens liens avec la société MSC. Cette société appartenant à la famille des Aponte est passée d’un groupe familial à une puissance géopolitique. M. Kohler, qui a des liens familiaux avec les propriétaires, serait en conflit d’intérêts quand il a eu à gérer le dossier STX France. Marc Endeweld souligne que la société MSC, malgré son combat envers le trafic de drogue, a parfois une position qui peut paraître comme ambiguë. Par exemple, une filiale de MSC a racheté 50% des parts de la société concessionnaire du port de Gioia Tauro. Port qui, lit-on plu loin, est contrôlé complètement par la ‘Ndrangheta.

Chapitre 5 – Déconfiture à Beyrouth.
La France a des liens particuliers avec le Liban, historiques, mais aussi financiers. « Utiliser le pays du Cèdre était, pour ces compagnies hexagonales, une manière de contourner le système financier américain et de se protéger d’éventuelles opérations de déstabilisation venant des États-Unis ». Mais ce que l’auteur présente comme des cafouillages et une diplomatie parallèle a fait reculer l’influence française au Proche-Orient. « Du temps de Jacques Chirac, rien n’était possible au Moyen-Orient sans la France. Aujourd’hui, on n’existe plus ».

Chapitre 6 – Affaires africaines.
Même constat de l’auteur en Afrique. Il pointe les erreurs d’Emmanuel Macron en Algérie mêlant diplomatie et business, et créant des liens avec les mauvaises personnes. Idem en Libye. Alors qu’Israël et la Turquie poussent leurs pions. Le constat est toujours le même : « On retrouve cette diplomatie parallèle ou officieuse dans d’autres pays d’Afrique. Elle ne démontre pourtant pas son efficacité. Alors que chaque grande puissance pousse son avantage, la France apparait brouillonne ».

Chapitre 7 – Alexandre et Genève.
Il s’agit ici d’Alexandre Djouhri. Ce chapitre est particulièrement touffu, riche en noms et en rebondissements. N’étant pas sensibilisé à ces affaires, j’ai eu du mal à suivre. Néanmoins, j’ai été intrigué (page 190) quand Marc Endeweld parle de Bernard Esambert qui a créé la Siaci, qui a contrôlé un temps le capital d’I2F d’Hervé Séveno. Ce sont deux grandes figures de l’intelligence économique. M. Esambert est préfacier de mon avant-dernier livre et auteur de plusieurs ouvrages passionnants. Hervé a été président de la Fépie,  un temps présidé par l’amiral Lacoste. Marc Endeweld évoque aussi Jean-Manuel Rozan, l’un des fondateurs de Qwant « largement financé par les subsides versés par la Caisse des dépôts ». Et plus loin « Par Jean-Manuel Rozan, le moteur de recherche Qwant est finalement en lien avec tout le réseau financier de Genève » … ville de tous les secrets.

Je vais publier dans les prochains jours la suite de ma note de lecture « L’empire – la France sous influence » ((lire le  deuxième et le troisième billet).

Jérôme Bondu

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