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À lire : Le livre noir de la CIA

By 4 mai 2023No Comments
livre noir de la CIA

J’ai lu « Le livre noir de la CIA » d’Yvonnick Denoël. Sous-titré : 75 ans de secrets inavouables.

Le livre noir de la CIA

Le livre est passionnant, mais on peut regretter la place trop importante des sources et archives. Chaque chapitre commence par une présentation d’Yvonnick Denoël de quelques pages, qui mettent en contexte et donnent les fondamentaux. Puis suivent les témoignages d’archive. Je les ai souvent passés, car trop c’était trop pointus et détaillés.

Les années Truman & Eisenhower (1947-1960)

Depuis la French Connection

– Quand la CIA aidait la maffia corse à créer la « French Connection ». Le livre s’ouvre sur l’histoire du financement par la CIA du syndicat Force Ouvrière, pour miner l’influence du communisme en France. Les États-Unis avaient un besoin extrême du port de Marseille pour acheminer, dans le cadre du plan Marshall, les produits en Europe. Ils se sont appuyés sur un clan maffieux local, les Guérinis, pour casser les grèves des dockers. Les Guérinis qui vont avoir les coudées franches, du côté français et américain, pour développer un important trafic de drogue vers les États-Unis. Ce réseau sera appelé outre-Atlantique la French Connection. L’auteur notamment en avant le personnage d’Irving Brown.
– Quand l’Amérique protégeait des criminels de guerre nazis. Cette seconde histoire est bien connue, et j’an ai parlé dans le livre « les espions du Vatican » du même auteur.

Renverser le gouvernement iranien

– Quand la CIA renversait le gouvernement iranien (1953). J’évoque très souvent en conférence géopolitique le renversement de Mossadegh (projet Ajax). Ce sera le premier renversement d’un gouvernement par la CIA … et malheureusement le début d’une longue série.
– Quand la CIA protégeait les éleveurs de bananes au Guatemala. Là encore, on tombe sur une de mes histoires préférées. Le renversement de Jacobo Arbenz Guzman entrainera une guerre civile qui fera 200 000 morts. (voir le livre de David Colon).
– Quand la CIA recolonisait le Congo. Dans le Congo d’après-guerre, ancienne colonie belge, la figure de Lumumba faisait peur aux Américains. Si la CIA ne l’a pas tué directement, selon l’auteur, elle a permis les conditions propres à son assassinat.

Le projet MK-Ultra

– Quand la CIA expérimentait drogues et tortures sur des innocents. Le projet MK-Ultra (de 1953 à 1964) est sans doute un des plus impressionnants. La CIA va tester des psychotropes sur sa propre population, ses militaires, ses pauvres, ses aliénés… L’idée initiale était de comprendre comment les prisonniers américains des camps coréens avaient pu témoigner contre les États-Unis. J’ai vu une émission il y a de longtemps sur le sujet … les images et témoignages font encore froid dans le dos. Allen Dulles est le patron de la CIA qui a permis cette monstruosité. L’opérateur était le docteur Gottlieb. La guerre froide a été le prétexte à bien des crimes.
– Quand la CIA se faisait auditer.

Les années Kennedy & Johnson (1960-1968)

– Quand la CIA cherchait à tuer Fidel. Là encore, il y a des histoires incroyables, qui froment la jamesbonderie. La CIA aurait testé de multiples méthodes d’assassinat, depuis le cigare empoisonné jusqu’à la bombe.
– Quand la CIA espionnait sur le sol américain. C’est une habitude ancienne, qui trouvera un plein épanouissement avec la NSA et le bien mal nommé Patriot Act. À l’époque le projet était intitulé Chaos.
– Quand la CIA provoquait des massacres en Indonésie. Là encore, comme au Guatemala, les chiffres font mal. L’auteur estime que les rivalités et règlements de compte firent 500 000 morts.

Les années Nixon & Ford (1968-1976)

– Quand la CIA remplaçait la démocratie par la dictature au Chili. On connait tous les manœuvres américaines pour tuer dans l’œuf toutes velléités des gouvernements sud-américains de se rapprocher de la gauche du spectre politique. L’auteur explique que même quand il n’y a pas d’alliance avérée avec le communisme, le CIA frappait fort. C’est ce qui s’est passé au Chili avec l’établissement de Pinochet. Le colonel Contreras sera à l’origine de l’opération Condor qui deviendra le réseau de terrorisme d’État le plus dévastateur du continent.
– Quand la CIA nettoyait le Vietnam et le Laos. Il n’est pas nécessaire de revenir sur la guerre du Vietnam. La CIA a utilisé notamment Vang Pao, à la tête de l’armée secrète Hmong, qui luttait contre les communistes. En échange, il lui a permis d’utiliser la compagnie aérienne de la CIA, Air America, pour son trafic.
– Quand la CIA finançait les plombiers du Watergate. Là encore, le cas est bien connu (évoqué aussi dans le livre de Robert Cialdini).

Les années Regan & Bush Sr (1980-1992)

– Quand la CIA vendait des armes à l’Iran pour  » aider  » le Nicaragua. C’est un des épisodes les plus intrigants de l’histoire de la CIA. Pour lutter contre le gouvernement sandiniste, la CIA a mis en place une sorte de commerce triangulaire : les États-Unis fournissaient Israël en matériels militaires. Israël les vendait à l’Iran. Et les gains allaient alimenter les Contras (mouvement d’opposition d’extrême droite contre les Sandinistes).
– Quand la CIA facilitait le marché de la drogue en Californie. Nous sommes dans la continuité du scandale de l’Iran-Gate. LA CIA va permettre aux narcotrafiquants de vendre leur drogue impunément aux États-Unis. Sous réserve qu’une partie de leur bénéfice alimente les Contras (comme vu plus haut). Le journaliste Gary Webb a démasqué cette incroyable trahison des services secrets américains. Et y perdra son boulot, sa femme, et puis sa vie.
– Quand la CIA soutenait le jihad en Afghanistan. On connait aussi assez bien l’aide fournie aux moudjahidines contre les Soviétiques.
– Quand la CIA plaçait ses fonds secrets dans une banque islamique. Cette banque (la BCCI) avait été utilisée par la CIA pour des opérations au Pakistan : blanchiment d’argent de la drogue …

Les années Clinton & Bush (depuis 2000)

– Quand la CIA faisait des frasques à Paris. L’histoire pourrait presque être amusante, si elle ne révélait pas la duplicité de nos amis américains. Charles Pasqua a tancé vertement l’ambassadrice américaine pour un espionnage trop voyant, dans le cadre des accords du GATT.
– Quand la CIA coopérait avec les islamistes en Bosnie.
– Quand la CIA  » ratait  » Ben Laden. L’auteur souligne les étranges coïncidences qui font que ben Laden a trop longtemps et trop souvent échappé à la CIA alors qu’il semblait à portée de capture.
– Quand la CIA servait de caution à la fable des  » armes de destruction massive « . On arrive dans l’histoire récente, et beaucoup de mes lecteurs doivent se rappeler les mensonges éhontés sur les armes de destruction massive.
– Quand la CIA torture …

Les années Obama (2009-2017)

– Changement d’ère ? L’auteur souligne la continuité plus que la rupture sous Obama.
– Les faux-semblants de la traque de Ben Laden.
– Quand la CIA espionne les sénateurs chargés de la contrôler. Toujours ce sentiment d’impunité de la CIA face au pouvoir politique qui est censé le contrôler.
– La sale guerre technologique.

Les années Trump (2017-2021)

– La CIA en état de siège.
– Complots au Venezuela.

Archives du livre noir de la CIA

Pour revenir sur les archives du livre noir de la CIA, elles intéresseront certainement des historiens spécialisés. En me baladant sur le web, j’ai vu une autre diffusion avec une couverture originale qui présentait en sous-titre « les archives dévoilées ». Ce qui me semble être bien annonciateur du contenu du livre. J’ai trouvé aussi une version portant le même titre, daté de 2007, et co-écrite par Gordon THOMAS.

Le livre noir de la CIA est intéressant. Les synthèses d’Yvonnick Denoël sont passionnantes. La présentation des archives intéressera les experts et historiens du sujet.

Jérôme Bondu

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