Skip to main content
Non classé

A lire : La malbouffe contre-attaque, de Christophe Brusset (1/2)

By 12 août 2023août 14th, 2023No Comments
La malbouffe contre-attaque

Comment la malbouffe contre-attaque ? Christophe Brusset a écrit un nouveau livre, véritable plaidoyer pour une nourriture saine. Voici une note de lecture en deux parties. Je précise que cette note de lecture cherche à refléter la pensée de l’auteur. Les passages entre guillemets sont copiés du livre.

La malbouffe contre-attaque

D’abord ingénieur agro-alimentaire, ensuite ingénieur de production, Christophe Brusset a été acheteur durant 20 ans pour des grands groupes de l’agro-alimentaire français et étrangers. À 44 ans, il a décidé de « faire son devoir » et de briser la loi du silence. En 2015, il a publié « Vous êtes fous d’avaler ça ! » où il dénonce les multiples dérives dont il est le complice ou le témoin dans les coulisses de l’industrie agroalimentaire. Il a publié aussi « Les imposteurs du bio ».

1. Mais au fait, c’est quoi, la malbouffe ?

L’auteur distingue ce qui est « sûr » de ce qui est « sain ». Un produit peut être « sûr » car il respecte la législation … mais ne pas être « sain ». Il faut plusieurs parallèles avec l’industrie du tabac, qui respecte la législation … mais dont on connait bien les effets mortifères.  L’auteur explique au passage que la célèbre citation de Paracelse « le poison est dans la dose » n’est pas exacte. Certains produits sont des poisons quelques soit la dose, voire parfois plus nocifs quand ils sont pris en petite dose. L’expression malbouffe est due à Joël de Rosnay dans un livre paru en 1979 ! (Joël de Rosnay s’est fortement investi dans la veille, voir notamment la note de lecture de son ouvrage Symphonie du Vivant).

2. La malbouffe, par ceux qui la fabriquent … et ceux qui l’avalent.

Christophe Brusset souligne que les industriels de la malbouffe adorent ajouter du sucre, du gras et surtout de l’eau. Pourquoi de l’eau ? C’est pour alourdir le poids de leurs produits avec l’élément le moins cher possible.

3. Avaler n’importe quoi n’est pas sans conséquence.

Déjà en 1979 Joël de Rosnay soulignait que sur les dix maladies qui nous tuent, six d’entre elles sont dues à note mauvaise alimentation : maladies carbovasculaires, maladies cérébro-vasculaires, diabète, hypertension, et surtout obésité. On y reviendra.
En 2019, The Lancet est plus précis : un décès sur cinq dans le monde est dû à la malbouffe. Si l’espérance de vie augmente, « nous vivons de plus en plus d’années en mauvaise santé ».
Les 330 additifs alimentaires autorisés sont-ils infimes ? Pas du tout explique l’auteur. On en ingurgite en moyenne quatre kilos par an ! Et pour les plus gros consommateurs de malbouffe, c’est 10 kilos par an !! À cela il faut ajouter les 400 autres « auxiliaires » de fabrication. UFC-Que choisir à détecté que parmi les 50 additifs les plus fréquents, un tiers est « suspecté d’être d’effets néfastes sur la santé ».

4. La mort aux dents.

Il y a eu un dévoiement de la notion de nourriture. Si dans le monde 800 millions de personnes souffrent de la faim, trois milliards sont en surpoids, dont 800 millions d’obèses ! La malbouffe ne contient pas tant de nutriments que des « calories vides ». Ce qui explique la réapparition du scorbut aux États-Unis chez des « citadins en surpoids ou obèses ». On hallucine …
Dans le film Super Size Me, Mogan Spurlock se nourrit exclusivement dans des fast-foods pendant un mois : il prendra 11 kilos ! Et il lui faudra 14 mois pour retrouver son état initial …
Que fait Bruxelles ? Elle est « engluée dans une idéologie mercantile » explique Christophe Brusset.

5. Bien se nourrir, une simple question d’argent ?

A priori oui : « la carte du chômage et de l’obésité se superposent ». En 2019, l’INSEE évaluait à 9,24 millions les Français vivant en dessous du seuil de pauvreté, soit un peu moins de 15% de la population.
Mais pourquoi les plus pauvres offrent-ils des sodas à leurs enfants, alors que cela coute plus cher que l’eau du robinet ? Car c’est « une sorte d’antidote symbolique contre la privation et la pauvreté ». Le soda a une valeur symbolique, c’est un « antidépresseur sans ordonnance ». Ceci couplé avec le fait que « le sucre présente un potentiel addictif aussi important que celui des drogues les plus addictives chez l’homme – alcool, cocaïne, héroïne, méthamphétamines, etc. » et le tour est joué.

6. Tous victimes de la malbouffe.

Il est difficile de changer ses mauvaises habitudes…

7. Les pieds dans le plat.

Christophe Brusset explique l’origine de son indignation et la motivation à écrire ses livres : le scandale de la viande de cheval.

8. La fabrique du silence.

Il explique que sans l’action des lanceurs d’alerte rien ne changerait, car « ceux qui tirent les manettes et vivent grassement d’une rente de situation perçue sur le dos des plus fragiles » n’ont aucune raison à changer. Plus loin, il explique que « Jamais l’ANIA, ou consorts, n’ont voulu entamer un dialogue constructif » avec lui. L’ANIA est « contrôlée par les grands groupes internationaux », et défend « l’intérêt de ses derniers».

9. Tu ne dénigreras pas, sinon …

Les grands industriels se disent victimes de dénigrement et utilisent des procédures baillons pour faire taire les lanceurs d’alerte. Christophe Brusset raconte l’acharnement sur Caroline Doudet, sur l’association Alerte aux toxiques, sur l’application Yuca… Il développe ce dernier exemple dans le chapitre suivant.

10. La manière forte.

Yuca s’était attaqué à la présence de nitrite dans la charcuterie. Julie Chapon (cofondatrice de Yuca) explique que les attaques judiciaires « constituent des procédures baillons dont l’objectif est d’épuiser Yuca moralement et financièrement ». L’auteur fustige une loi au service de l’industrie. Il cite par exemple le revirement de l’Allemagne concernant l’utilisation du glyphosate. D’abord favorable à son interdiction dans l’Union européenne, l’Allemagne a soudainement changé d’avis … après que l’entreprise allemande Bayer ait racheté Monsanto ! Rappelons que Monsanto est le plus grand producteur mondial de glyphosate avec la marque Roundup !

11. Sur la piste des algues tueuses.

Ce chapitre est consacré aux algues tueuses. Je ne reprends pas l’histoire que j’ai déjà racontée dans ma note de lecture de la BD d’Inès Léraud.

12. Bretagne, l’autre far-west.

L’auteur raconte l’histoire édifiante de la journaliste Morgan Large qui a enquêté sur les subventions bretonnes à l’agriculture intensive : intimidation, empoisonnement de son chien, menace de mort… Et puis un jour, « elle découvre totalement abasourdie que les roues de sa voiture ont été déboulonnées ». Elle a roulé quatre jours avec ses enfants avant de s’en rendre compte ! L’auteur raconte aussi les condamnations de Triskalia et Lactalis.

Second volet de la note de lecture « La malbouffe contre-attaque » demain : comment lutter contre la malbouffe ?

« La malbouffe contre-attaque » est paru en octobre 2022 et édité chez Flammarion. Voir l’interview de Christophe Brusset sur ThinkerView.

Jérôme Bondu

Leave a Reply

Clicky