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Gestion des connaissances

A lire : Servitudes virtuelles de Jean-Gabriel Ganascia (2/2)

By 28 juin 2022No Comments
Jean-Gabriel Ganascia

J’ai lu Servitudes virtuelles de Jean-Gabriel Ganascia. Voici une note de lecture qui n’est ni un résumé ni une synthèse. Simplement quelques notes issues d’une lecture attentive de l’ouvrage. Les phrases entre guillemets sont de l’auteur. Je vous conseille de lire la première partie de cette note de lecture. Voir la vidéo de Jean-Gabriel Ganascia.

Chapitre : Hors ligne

Jean-Gabriel Ganascia cite Barbara Stiegler (que j’ai eu le plaisir de rencontrer aux Journées de la Brède) qui explique que « le néolibéralisme impose un assujettissement aux technologies du numérique, sans retrait possible ». La visibilité deviendrait un capital, distribué sur un mode inégalitaire, et qui comme tout capital « travaille » pour son propriétaire. Shashana Zuboff va plus loin en détaillant le capitalisme de surveillance.

Jean-Gabriel Ganascia évoque la tyrannie singulière de nos outils numériques et notre assujettissement. Les nouveaux empires numériques phagocytent des secteurs entiers de l’économie et s’attaquent aux pouvoirs régaliens : justice, monnaie, géopolitique, sécurité intérieure… L’ouverture européenne à tout vent privilégie systématiquement les acteurs nord-américains. L’auteur est clairement un défenseur de la souveraineté numérique.

Coups de marteau

Jean-Gabriel Ganascia reprend la métaphore développée par Nietzsche pour qui il fallait raisonner à coup de marteau pour écouter les idées résonner, et détecter les idées creuses. L’auteur assène ainsi quatre coups de marteau sur la cloche du numérique et de l’intelligence artificielle pour voir si cela sonne juste. Le constat est selon lui sans appel :
– Il y a une baisse de l’autonomie de la personne.
– Il voit une promotion d’une sorte de malfaisance (plutôt que d’une bienfaisance) avec une ouverture de la sphère privée aux yeux de tous.
– En matière de justice, il dénonce une dissolution des lois dans des régulations technocratiques.
– Enfin, il fustige le manque de transparence des outils utilisés.

Contre la servitude

Jean-Gabriel Ganascia rappelle qu’Étienne de la Boétie écrivit avant ses vingt ans le « Discours de la servitude volontaire » contre l’absolutisme royal. La démonstration est claire, et il convient de nous débarrasser de nos chaînes de servitudes virtuelles contre l’absolutisme numérique.

Servitudes virtuelles de Jean-Gabriel Ganascia est un ouvrage au style soigné.

Pour finir cette note de lecture, on peut souligner que Jean-Gabriel Ganascia intègre dans sa prose d’imposantes digressions et réflexions philosophiques fort agréables. L’auteur a une très solide culture classique.

Cerise sur le gâteau, le livre est riche d’un vocabulaire choisi et soutenu, ce qui tranche sur le franglais que l’on trouve de plus en plus et qui contribue à la disparation du vocabulaire. Jean-Gabriel Ganascia, lui, se fait plaisir avec des mots rares. Et on trouve sur la route de sa prose : consécution, parlure, maquignons, scripteur, idées séminales, par-devers eux, commensurable, laisse accroire … Cela fait du bien.

Servitudes virtuelles de Jean-Gabriel Ganascia est à lire.

Jérôme Bondu

Voire aussi mes Conseils de lecture en intelligence économique / 200 livres analysés / 20 ans de lecture.

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