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Géopolitique

A lire : Mémoires Vives d’Edward Snowden

By 8 octobre 2019décembre 23rd, 2021No Comments
Mémoires Vives Edward Snowden

Je recommande chaudement « Mémoires Vives » d’Edward Snowden (voir sa fiche Wikipedia). Un livre que tout le monde devrait lire. Voici ci-dessous quelques morceaux choisis…

Si c’est un homme …

D’abord, Edward Snowden se présente de la manière la plus humaine possible. Il parle de son enfance, de ses racines, de ses valeurs, de sa maturation intellectuelle, de la découverte de l’informatique :
– Il évoque ses astuces pour analyser les gens « Il faut toujours laisser les gens vous sous-estimer. Parce que quand ils sous-évaluent votre intelligence et vos aptitudes, ils ne font que souligner leurs propres faiblesses ». J’avoue avoir utilisé cette méthode. Je confirme c’est infaillible.
– Etonnamment pour quelqu’un de secret, il parle de son utilisation de sites de rencontre. Mais en profite pour piquer au passage Facebook « Je me suis inscrit sur HotOrNot.com, le site le plus utilisé au début des années 2000, juste avant RateMyFace et AmIHot (Mark Zuckerberg, alors très jeune, a combiné leurs points forts dans Face-Mash, qui allait devenir Facebook). »

Surveillance de masse

Comme on peut s’en douter il étrille le système :
– À commencer par le ministère pour lequel il a travaillé : « l’Homo contractus, une espèce que l’on rencontrait à tous les étages de l’État 2.0. Cette créature, loin d’être un fonctionnaire assermenté, était un travailleur temporaire dont le sentiment patriotique était motivé par le salaire, et pour qui le gouvernement fédéral représentait moins l’autorité suprême que le plus gros client ».
– « Aux États-Unis, le travail de renseignement incombe aussi fréquemment à des employés du privé qu’à des fonctionnaires ».

Il s’insurge contre l’hyperpuissance des États-Unis, la surveillance de masse et l’absence de contrepouvoir :
– « Il reste que les États-Unis conservent l’hégémonie en la matière et qu’ils contrôlent l’interrupteur à même de connecter ou de déconnecter pratiquement le monde entier à volonté ».
– « Etant donné le caractère américain de l’infrastructure des communications mondiales, il était prévisible que le gouvernement se livrerait à une surveillance de masse ».

Le cloud, meilleur outil de la CIA

Il explique la philosophie du système de surveillance :
– « Il ne faut pas envisager les métadonnées comme des abstractions inoffensives mais comme l’essence même du contenu : elles sont précisément la première source d’information exigée par celui qui vous surveille (…) En somme, les métadonnées peuvent apprendre à celui qui vous surveille pratiquement tout ce qu’il a envie ou besoin de savoir sur vous».
– « En technologie, il n’existe pas d’équivalent au serment d’Hippocrate».
– « Ce cloud, Dell le vendait à la CIA ou bien aidait Amazon, Apple et Google à le fourguer à leurs clients (…) avec le cloud, la CIA sera en mesure de savoir qui sur terre a lu tel ou tel fichier ». Vivement un cloud souverain!
– « Au terme d’une décennie de surveillance de masse, l’informatique a prouvé qu’elle servait davantage à brider la liberté qu’à lutter contre le terrorisme»

Prism, Upstream Collection, XKEYSCORE

Puis on en vient aux détails des rouages :
– « PRISM a permis à la NSA de collecter régulièrement des données auprès de Microsoft, Yahoo !, Google, Facebook, Paltalk, Youtube, Skype, AOL et Apple, dont des e-mails, des photos, des chats audio et vidéo, des historiques de navigation, des historiques de recherches et tout autres données susceptibles d’être abritée sur le cloud, transformant ces entreprises en des complices tout à fait conscients de ce qu’ils faisaient ».
– « Pris ensemble, PRISM (qui collecte des données sur les serveurs des fournisseurs de services) et Upstream Collection (qui collecte directement des données sur les infrastructures d’Internet) garantissaient que toutes les informations du monde, qu’elles soient stockées ou en transit, étaient bien surveillables».
– Il évoque beaucoup d’autres solutions, comme TURBULENCE, QUANTUM, XKEYSCORE

Rien à cacher

Il casse le mythe du « je n’ai rien à cacher » :
– « Il n’est tout simplement pas possible de fermer les yeux sur la vie privée. Nos libertés sont solidaires et renoncer à notre vie privée, c’est renoncer à celle de tout le monde »

Puis on revient à la fin du livre sur les éléments plus personnels : le rôle des médias, ses contacts avec les journalistes, les précautions à prendre pour sa fuite, les gens qui l’ont aidé, ses relations avec sa compagne, sa fuite, Moscou et l’exil…

Seule petite contrariété, la traduction française est bâclée. Sans doute par précipitation pour respecter une date de sortie mondiale. J’ai repéré nombre de formulations vraiment tristes « le réseau grâce par lequel » (p10) « une unité centrale Intel 186 de 25 mégahertz » (p47 … ce ne serait pas plutôt d’un microprocesseur qu’il s’agit ?) … Bon bref… cela n’est qu’un détail. Le livre est à lire !

Attention, comme Edward Snowden le dit en fin de son ouvrage « Mémoires Vives », il peut être bon d’acheter le livre en liquide dans une librairie. Si vous payez en carte où en chèque, ou pire, horreur des horreurs sur Amazon, vous rentrerez dans la machine de la NSA ! À moins que vous n’y soyez pas déjà *.

Pour rappel Edward Snowden a demandé deux fois l’asile en France. Je fais parti de ceux qui disent que ce serait un honneur pour nous de l’accueillir. J’organise une réunion sur Lille pour en parler. Il y en aura une ensuite sur Paris.

Jérôme Bondu

* : d’ailleurs j’annonce à tous les lecteurs de ce billet, que vous êtes désormais fiché « extrémiste » dans la nomenclature de la NSA ! **

** : nan, je déconne bien sûr !

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