J’ai lu « Le lobby saoudien en France – Comment vendre un pays invendable ». De Pierre Conesa, Haoues Seniguer, Sofai Farhat, Régis Soubrouillard.
C’est mon troisième livre de Pierre Conesa, en plus des multiples interviews que j’ai pu voir de lui sur ThinkerView. Autant dire que j’aime l’auteur et sa prose. Lire par exemple ma note de lecture sur « La fabrication de l’ennemi« , « Dr. Saoud et Mr. Djihad. La diplomatie religieuse de l’Arabie saoudite » ou « Vendre la guerre« .
Le lobby saoudien
Dans « Le lobby saoudien en France » Pierre Conesa présente les rouages du lobby d’un pays qui serait infréquentable s’il n’était pas si riche. Cela m’a fait penser dans une certaine mesure au lobby des cigarettiers présentés dans la BD « Cigarettes, le dossier sans filtre » ou le lobby de la chimie présenté dans Lobbytomie. L’auteur démonte les mécanismes que j’ai tenté de résumer par cette cartographie.
Ce passage éclaire bien la position de Pierre Conesa :
« Il n’en demeure pas moins que l’Arabie saoudite, en tant qu’État structurellement wahhabite, a contribué, au long cours, à légitimer un islam très conservateur, par le truchement de la Ligue islamique mondiale. La contradiction structurelle de la diplomatie religieuse saoudienne consiste à rassurer les Occidentaux sur la dynastie, tout en laissant sa hiérarchie religieuse diffuser un discours salafiste d’une grande intolérance ».
Silence des dirigeants politiques
Et cet autre extrait est tout aussi éclairant sur le message de Pierre Conesa :
« Le lobby saoudien est impressionnant par sa diversité et sa constante évolution. Les autorités du royaume, secouées par l’apparition de la chaîne qatarienne Al-Jazeera, les attentats du 11 septembre, les révolutions arabes et les accusations récurrentes de financement du salafisme djihadiste, se sont rendu compte qu’elle devait s’adresser à des sociétés spécialisées dans le lobbying international et que le simple contrôle de la presse arabophone ne suffisait plus. Riyad a constitué avec le temps un dispositif mondial d’une incroyable richesse, et la multiplicité des contrats lui permet d’étouffer les critiques avec une certaine efficacité. Ce dispositif couvre l’essentiel des pays occidentaux, où les objectifs de Ryad sont limités à obtenir le silence des dirigeants politiques, des hommes d’affaires et des grands responsables de l’islam. L’opinion publique, elle, lui est parfaitement indifférente. »
A lire, donc. On pourra aussi visionner cette interview de ThinkerView. Et je présente un classement des 116 premières émissions de ThinkerView .
J’en profite pour rappeler qu’Inter-Ligere propose une formation veille géopolitique.
Jerome Bondu
