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A lire : Internet rend-il bête ? De Nicholas Carr. Résumé 3/3

By 4 octobre 2019août 26th, 2023No Comments
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J’ai lu le très bon livre « Internet rend-il bête ? » de Nicholas Carr. Le livre porte sur la transformation de notre cerveau avec la pratique d’internet.
Je partage mes notes de lecture en trois billets distincts. Voici le troisième et dernier (lire le premier, et second billet).

Parmi nos capacités cognitives les plus en danger, il y a notre capacité de mémorisation

Dans le chapitre « Cherche, mémoire, cherche » Nicholas Carr s’intéresse aux processus mémoriels.
– L’auteur explique d’abord que nous avons deux types de mémoire : mémoire de travail, et mémoire long terme qui passe par la création de nouvelles synapses. La mémoire de travail est sursaturée, et la création de nouvelles synapses en amoindrie. L’auteur ne cite pas l’effet Skinner mais on peut voir internet comme une gigantesque « boite de Skinner » !
– La mémoire c’est de l’attention, du temps et de la répétition. Or Internet capture notre attention, notre temps et ne nous permet pas de nous remémorer ce qui est important. « La Toile, elle, est une technologie de l’oubli ».
– Il explique ensuite que sans mémoire l’homme n’a pas d’intelligence. Or à sous-traiter notre mémoire nous allons perdre notre intelligence.
– « Le fait de confier la mémoire à des banques de données extérieures ne met pas seulement en danger la profondeur et l’individualité du moi. Il menace aussi la profondeur et le caractère distinct de la culture que nous avons tous en commun ».

Outre la mémorisation, c’est notre essence humaine même qui est en danger

Dans le dernier chapitre « Une chose qui est comme moi » Nicholas Carr lâche ses dernières cartouches en s’appuyant sur de nombreuses études scientifiques.
– Il relate le travail de Joseph Weizenbaum qui dans les années 60 a fait un programme d’analyse du langage (Eliza) qui allait faire grand bruit. Les conclusions de l’informaticien sont que nous ne faisons qu’un avec les outils que nous utilisons. Nous réfléchissons à travers eux, et en retour ils transforment notre vision du monde. Une expression que j’affectionne particulièrement illustre bien cette idée « Quand on a un marteau dans la main, tous les problèmes ont la forme d’un clou ». On pourrait ainsi dire que l’omniprésence des ordinateurs et d’internet nous fait voir le monde qu’au travers de ces outils. Plus on se sert d’internet, « plus on se moule dans sa forme et sa fonction ». « Le prix que nous payons pour prendre à notre compte la puissance de la technologie est l’aliénation ».

Esprit critique

– Une expérience édifiante de Christof van Nimwegen en 2003, prouve qu’utiliser des logiciels trop faciles tue notre esprit critique, notre capacité de raisonner et de résoudre des problèmes. Les médias sociaux avec leur obsession de faciliter l’accès aux données nous rendent en réalité un très mauvais service.
– Une autre constatation de James E. Evans est riche d’enseignements. Il a comparé la variété des citations dans des ouvrages scientifiques sur des dizaines d’années. Sachant que le Net apporte plus de facilité pour trouver des citations, il s’attendait à trouver une plus grande variété de citations après 1990. Or il a découvert le contraire « plus les revues se publiaient en ligne, moins les universitaires citaient d’articles » (p 297). Selon Evans « Une extension de l’information disponible a conduit à un rétrécissement de la science et du savoir« . Cela rejoint le concept de bulle de filtre de Pariser avec la polarisation des idées.
– La capture incessante de notre attention implique un bourdonnement visuel constant. Selon Mary Helen Immordino-Yang le net « altère la profondeur de nos émotions et de nos pensées » (p 302).

L’ouvrage est à lire pour tous les travailleurs de l’internet … c’est à dire tout le monde !

Lire les trois notes des lectures du livre Internet rend-il bête : 1, 2 et 3.

Jérôme Bondu

Sur le même sujet, on pourra lire :
– L’article de Capital
– Celui de Telerama
C’est drôle, en 2009 j’avais chroniqué cet article de Télérama !
– Une analyse intéressante de Marc Le poivre.

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