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E-reputation

À lire : Submersion de Bruno Patino

By 28 juin 2025No Comments
Submersion

J’ai lu « Submersion » de Bruno Patino.

Avertissement : Cette note de lecture ne reflète pas mes idées, et encore moins celles des structures avec lesquelles je travaille, mais les idées de l’auteur. 

Bruno Patino

Bruno Patino est président d’Arte et expert des médias numériques. J’avais déjà lu et beaucoup apprécié La civilisation du poisson rouge Avec ce nouvel ouvrage, l’auteur reste sur le thème de l’hyperconnexion et ses dérives. Filant la métaphore maritime (le poisson rouge) il présente l’internaute comme submergé par la vague numérique, noyé par les contenus, incapable de résister à la force motrice des géants du numérique, balayé par la vague nouvelle de l’intelligence artificielle.

Risques numériques

J’y ai retrouvé les thèmes classiquement développés par les essais qui préviennent des risques numériques. Je vous livre quelques éléments, en vrac, et de manière parcellaire (donc totalement non exhaustive) :
– Les lois de Moore (doublement des transistors sur une puce), loi de Metcalfe (l’utilité d’un réseau augmente de façon géométrique et non arithmétique) et loi de Gilder (triplement annuel de la bande passante).
– Eliza, le robot conversationnel qui conduit un dialogue de psychanalyste rogérien.
– Les théories de Skinner et Zeigarnik.

On y découvre des références et concepts que je n’avais lus nulle part ailleurs.
– Par exemple le personnage du père Raymond Lulle, mystique et théologien espagnol du XIIIe siècle qui a créé l’ars magna. Une machine de papier qui résumait un très grand nombre de concepts. Une utopie de la connaissance.

Submersion numérique

Le thème central de Submersion est celui de notre liberté perdue, noyée dans le numérique.
– Nous sommes noyés dans un océan d’offres et de sollicitations (flux Netflix, Facebook, Youtube, Tinder, TikTok, …) D’où une intense fatigue. La tentation est donc immense de s’en remettre aux outils pour nous aider à choisir. Les outils sont donc un pharmakon, en même temps le poison et le remède.
– Dans ce cadre, nous déléguons notre capacité de choisir. Et nous actons la disparition de notre libre arbitre.
– Cela renforce la vision déterministe du monde. Courant philosophique qui postule que notre libre arbitre n’existe pas. Pour reprendre les mots de Spinoza, le libre arbitre n’existe pas, car ce que nous appelons liberté est en réalité l’ignorance des causes qui déterminent nos décisions, et notre conscience ne perçoit que nos actions, non leurs causes.
– Le sentiment d’emprisonnement est fort, et nous nous retrouvons comme dans la série des années 60 « Le Prisonnier » à crier « Je ne suis pas un numéro ». Je ne suis pas une adresse IP !
– Dominique Cardon dans un de ces précédents articles expliquait que nous étions des internautes parfaitement libres … mais libres de jouer avec les règles imposées par les géants du numérique. On ne voit pas les limites de notre cage numérique.

Pour finir, un petit mot sur le style. L’auteur écrit très bien, multipliant les images et belles formules. La langue est recherchée.

« Submersion » de Bruno Patino est à lire. Le livre est édité chez Grasset.

Jérôme Bondu

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