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Intelligence Economique

CR conférence « Créer son entreprise & intelligence économique

By 24 juillet 2007juin 22nd, 2023No Comments
créer son entreprise

Comment créer son entreprise ? Ce compte rendu apporte le témoignage de quatre créateur d’entreprise (Photo : Cyril Golovtchan).

Créer son entreprise

Compte-rendu de la conférence du Club IES sur le thème « Créer son entreprise ! » Conférence organisée le 17 juillet 2007 par les Club Intelligence Économique & Club Entrepreneurs de l’AAE IAE de Paris. Compte rendu rédigé par Jérôme Bondu, Président du Club IES.

Présentation du thème

La création d’entreprise est un élément clé de la richesse d’un pays, et en même temps une aventure passionnante pour celui qui la mène. Mais qui sont les créateurs ? Quels sont leurs parcours, leurs motivations, et les difficultés rencontrées ?

Cette conférence fera intervenir des jeunes créateurs qui ont en commun d’avoir complété leur formation initiale par l’IAE, et d’avoir été intéressé par la dynamique d’intelligence économique.

Chacun a présenté en 15 minutes sa vision : de la création d’entreprise, des difficultés rencontrées, des réussites, et aussi de l’intérêt des outils d’intelligence économique.

Inter-Ligere propose une formation dédiée à la création et au développement de son entreprise avec les outils de veille et d’intelligence économique.

Prochains rendez-vous du Club IES

Le Club IES de l’AAE IAE organise en partenariat avec Lexis Nexis un cycle de conférences sur la gestion des risques, qui verra les interventions:

  • En septembre, de M. François Werner, inspecteur général des finances, Directeur de TRACFIN (Traitement du Renseignement et Action Contre les Circuits Financiers Clandestins). Il présentera le rôle et l’organisation de TRACFIN.
  • En octobre, de M. Jean-Michel Lavoizard, Directeur du bureau de Bruxelles de la compagnie de competitive intelligence & risk management DILIGENCE International LLC. Ancien officier des forces spéciales, sa dernière affectation a consisté à créer le premier poste français au sein du bureau Opérations spéciales de l’état-major stratégique opérationnel de l’OTAN (SHAPE, Belgique). Il présentera des cas de « due diligence » a l’international.
  • En novembre, de M. Thibault du Manoir de Juaye, Avocat à la Cour.Ancien auditeur de l’IHESI et de l’IHDEN (IE), il est en outre rédacteur en chef de la revue « Regards sur l’Intelligence Économique », dont il est l’un des fondateurs. Il présentera comment s’appuyer sur des stratégies judiciaires dynamiques pour protéger l’entreprise.
  • Lire les autres comptes rendu du Club IES.

Présentation des intervenants

Dans l’ordre d’apparition :

  • Cyril Golovtchan est créateur de Promorama, site de vente par correspondance de produits Hi-Tech.
  • Damien Leblond est co-fondateur de Sélescope, cabinet de recrutement.
  • Martine Bertrand est créatrice de Mine d’Art, société de communication.
  • Bruno Barandas est créateur de , société de conseil en marketing.

Tous sont passés par l’IAE avant de créer leur entreprise.

« Créer son entreprise » vu par Cyril Golovtchan

Cyril Golovtchan est créateur de Promorama, site de vente par correspondance.
Profil : Co-auteur du jeu « Maître du Monde » . 34 ans

Sa création

Le site Promorama est un site de vente à distance d’appareils Hi-Tech. Le panier moyen est à 2 000 euros. Le CA avoisine les 1,2 millions d’euros. Un élément clé dans ce type d’entreprise de vente par correspondance est de rassurer le consommateur. L’atteinte de cet objectif est une préoccupation constante. Au début de l’entreprise cela s’est notamment concrétisé par le rappel par téléphone de tous les clients pour demander une évaluation du service. M. Golovtchan a insisté aussi sur la satisfaction clientèle qui est essentielle.
Le remboursement en cas de non satisfaction est automatique. Vouloir gagner un peu de fonds de roulement en allongeant délais de remboursement est contreproductive, nous affirme l’intervenant.

Ses réussites et difficultés

Un des enseignements de cette création a été la prise de conscience de l’importance des forums de discussion sur internet. Des messages négatifs sur les produits ou services peuvent être réellement « destructeur ».
Cette réflexion sur les forums a induit une implication sur les « prescripteurs ». Un prescripteur est une personne dont « l’avis » est écouté et qui fait autorité sur un domaine. M. Golovtchan a dit avoir approché des prescripteur pour mieux connaître leur mode de fonctionnement et mieux cerner les moyens de mettre à profit cette dynamique de recommandation sur internet.

Sa vision de l’intelligence économique

A la création de l’entreprise, un benchmark (étalonnage concurrentiel) poussé des solutions concurrentes a été mené. Ce benchmark « fermé » c’est-à-dire sans relation ouverte avec les concurrents a été mené avec minutie. Le processus classique vise à :
– fixer des critères de comparaison,
– collecter les informations sur les concurrents,
– et les comparer avec les relevés en interne. Cela permet d’améliorer la performance de l’entreprise au travers d’indicateurs objectifs.
La collecte des informations est un des points les plus délicats du processus. Dans un respect total de la légalité, on peut téléphoner à un concurrent pour se renseigner sur leurs services s’il n’y a pas d’usurpation d’identité. La récolte d’informations de stagiaires ayant exercé dans une entreprise concurrente est aussi toujours riche d’enseignements.

« Créer son entreprise » vu par Damien Leblond

Damien Leblond est co-fondateur de Sélescope, cabinet de recrutement.
Profil : ex-militaire (Marine Nationale), pilote d’hélicoptères.

Sa création

M. Leblond a créé la société Selescope avec un associé il y a environ 1 an. La société est rentable dès le premier exercice. Une vingtaine de clients font déjà confiance à Selescope pour le recrutement, la sélection et l’évaluation du potentiel de leurs cadres et dirigeants. Les prestations réalisées s’adresses aussi bien aux PME qu’aux grands groupes.

Ses réussites et difficultés

M. Leblond insiste sur l’importance de la volonté dans la création d’entreprise. En tant que consultant RH il voit beaucoup de chercheurs d’emploi qui envisagent la création par dépit, car ils ne trouvent pas de travail.
Dans son cas, la création de son entreprise est à la confluence de deux facteurs : d’abord une forte volonté des fondateurs. Ensuite, le support de ses anciens clients, qui l’ont incité à se lancer dans l’aventure. Ce sont eux, raconte M. Leblond, qui leur ont fait prendre conscience de leur approche particulière, de leurs spécificités, de leur valeur en tant que personne, qui était indépendant de la valeur de l’enseigne dans laquelle ils travaillaient. Cela a été l’élément déclencheur pour se mettre à leur compte.

Les difficultés proviennent parfois de domaines inattendus.
– En l’occurrence, les fondateurs de Selescope ont été soutenus dans la phase de préparation par une connaissance. Le recrutement de cette personne, un temps envisagé pour assurer le back-office, n’a finalement pas abouti. Et l’intervenant de noter avec humour que « les cordonniers sont les plus mal chaussés ».
– M. Leblond conseille aussi de ne pas trop se fier aux conseils de personnes extérieures. Lors de la création de la structure, beaucoup de choix ont du être opérés, et ils ont souvent pris les contre pieds des conseils classiques qu’on leur a prodigués. L’important est de prendre les décisions qui correspondent aux objectifs des fondateurs.
Parmi leurs réussites, l’intervenant insiste sur le fait d’avoir réussi à créer de la valeur, sur un marché très concurrentiel, en se distinguant de la majorité des intervenants du secteur. L’approche de Selescope, centrée sur l’évaluation de la personnalité et la mesure l’adéquation homme / poste, ne laisse pas indifférent les prospects, habitués à rencontrer des « traders de CV ». Le candidat est replacé au cœur du recrutement. Enfin, et surtout, avoir privilégié les clients, ne penser l’action que pour les clients (entreprises et candidats !). Si la réflexion est importante, l’action et la capacité à générer des revenus est primordiale. Ce qui l’amène à s’exprimer sur sa vision de l’IE.

Sa vision de l’intelligence économique

M. Leblond voit l’intelligence économique plus comme un outil de réflexion, là ou la TPE a besoin d’action. Néanmoins, il pense avoir intégré la culture de l’IE :
– Il dit toujours être à l’affut d’informations. Aucune journée se finit sans que son associé ou lui ne ramènent de nouvelles informations pouvant déboucher sur des opportunités d’affaires.
– Cette « écoute de son environnement » est plus une disposition, une culture que le résultat d’un enseignement.
– Il n’y a pas d’outil d’IE utilisés si ce n’est le paramétrage d’alertes sous Google.

« Créer son entreprise » vu par Martine Bertrand

Martine Bertrand est créatrice de Mine d’Art, société de communication.
Profil : Master de Physique Théorique Nucléaire au Canada, et chanteuse . 31 ans

Sa création

Dans la création de Mine d’Art, Martine Bertrand insiste sur l’importance de transmettre des valeurs : participer à la création d’une Société (au sens de la cité) plus responsable, être maître de son destin, et aller jusqu’au bout de ses projets. La société de production qu’elle a fondé, propose la création de supports de promotion depuis la réalisation de sites internet jusqu’à la production cinématographique.
La créatrice se trouve dans un domaine où la difficulté majeure est de se faire connaître au sein d’une offre pléthorique. Avec des moyens financiers limités, elle s’investit d’une part dans les outils sociaux : viadeo, LinkedIn, Ziki. Et d’autre part dans l’organisation de rendez-vous réguliers, intitulés « Apéro Mine d’Art ». Ces rendez-vous attirent plus d’une centaine de personnes de tous horizons

Ses réussites et difficultés

Mlle Bertrand dit avoir créé son entreprise pour être indépendante, mais l’indépendance a ses revers :
– L’indépendance financière qu’elle a choisie, par exemple, ne lui permet pas un développement aussi rapide qu’elle l’aurait voulu.
– L’indépendance de décision, puisqu’elle travaille seule (même si elle est entourée d’un réseau de contacts) ne lui permet pas de confronter (conforter) ses décisions avec des collègues. Cette « solitude du décideur » requiert une certaine force de caractère.

Toute activité génère des oppositions. Dans le cadre de sa création, Mlle Bertrand a déjà eu à subir les affres de la concurrence. Le nom initial choisi pour ses rendez-vous réseaux étant trop proche d’une marque déposée, elle a du modifier sa communication.

Enfin, le fait d’être une femme dans un milieu d’hommes ne facilite pas les choses. Des rapports purement professionnels ne sont pas facile imposer, quand elle a en face d’elle des personnes qui cherchent à glisser vers une relation amicale, voir plus.

Sa vision de l’intelligence économique

Sa pratique de l’intelligence économique consiste dans la constitution d’un large carnet d’adresse, une veille concurrentielle constante, et des principes de sécurisation de ses informations. Elle dit par exemple travailler sur deux ordinateurs différents, dont un n’est jamais connecté à internet. C’est le seul moyen de prévenir des tentatives d’intrusion et de destruction de données. Dans le même ordre d’idée, le wifi, système de connexion sans fil, est à proscrire sur le stricte plan de la sécurité.

On sent chez cette créatrice « créative » le bonheur de vivre aventure passionnante.

« Créer son entreprise » vu par Bruno Barandas

Bruno Barandas est créateur de Neovacom, société de conseil en marketing
Profil : marketing et communication, sérial entrepreneur. 35 ans

Sa création

Bruno Barandas est le seul des intervenants a avoir un passé d’entrepreneur. Il a alterné des postes de salarié dans des grands groupes internationaux, avec des créations d’entreprises qu’il a ensuite renvendues.
Sa dernière création est une société de conseil en « Innovations Marketing ». Chaque innovation donne lieu à la création d’une société dédiée. M. Barandas est ainsi fondateur de :
– Visualead, société de tracking BtoB sur Internet.
– Visuabag, régie publicitaire de sacs de caisse biodégradables.

Ses réussites et difficultés

Lors de ses différentes expériences dans des grands groupes, M. Barandas a souvent découvert des idées pouvant déboucher sur des marchés de niche. Les développer en interne peut être long et fastidieux. Tandis que les développer par le biais d’une création de société peut être payant sur de nombreux tableaux. Allant droit au but, l’intervenant évoque la pyramide de Maslow et le besoin de « réalisation de soi ». Le choix de « donner du sens à sa vie » est au cœur de ses motivations.

Les difficultés qu’il a rencontrées sont de trois ordres :
– D’une manière générale, il rappelle qu’innover c’est choisir la difficulté. Parce que l’innovation c’est proposer un nouveau produit ou service, c’est donc sensibiliser à quelque chose qui n’existait pas, faire naître un besoin là où il n’y avait rien, parfois utiliser des mots nouveaux. Les créateurs ont forcément une vision différente, et sont -dans un sens- des gens à la marge.
– Il évoque ensuite la difficulté de savoir s’entourer. « On en peut pas être bon partout », le rôle du chef d’entreprise est aussi de savoir déléguer les compétences qu’il ne maîtrise pas.
– Enfin, la capacité de savoir décider et trancher n’est pas évidente, surtout quand on a un tempérament qui tend aux décisions collégiales et à la participation. Une société requiert un chef et la fixation de directions claires.

M. Barandas a mis en exergue quelques points clés :
– L’importance de la force de vente, car une petite structure a besoin de rentrées d’argent régulières. Le fait d’être créateur, et souvent avec un titre de Président, ne doit pas donner l’illusion que l’on est à l’abri de la prospection. Le PDG doit être le premier à donner l’exemple et doit participer à l’effort commercial.
– La gestion de la trésorerie est une préoccupation constante.
– Enfin, tout cela nécessite d’avoir énormément de convictions et de ténacité.

Sa vision de l’intelligence économique

L’intervenant insiste sur le rôle essentiel du « back office » client comme source d’informations. La recherche sur internet étant devenu un réflexe, il est aussi important de gérer sa visibilité sur la toile. Enfin, l’appui sur les partenaires et les réseaux permettent de débloquer des situations.

Conclusion

On a retrouvé aux travers des quatre interventions des éléments récurrents :
– La difficulté de trouver des collaborateurs. Sans doute liée à la rigidité de la législation en vigueur dans le domaine des ressources humaines.
– La difficulté de prendre des décisions. Soit parce que l’on est seul. Soit parce que l’on est nombreux.
– L’importance d’internet à toutes les étapes de la vie de l’entreprise, que ce soit pour la veille concurrentielle et le benchmarking, la recherche de prospects, la gestion de sa visibilité, …
– Un certaine défiance envers les principe de l’intelligence économique, ou du moins sa présentation théorique. Car tous à des degrés divers pratiquent les principes de l’intelligence économique.
– Enfin, tous ont affirmé l’importance de donner du sens à leur action, et l’importance de la motivation.

Créer son entreprise est une expérience passionnante, et l’intelligence économique est une aide importante !

Jérôme Bondu

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