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Réseaux humains

A lire: La république du copinage – Réseaux des puissants et des élites

By 12 décembre 2011février 23rd, 2022No Comments
Analyse des réseaux des puissants et des élites

J’ai lu le livre de Vincent Nouzille « La république du copinage ». Cette description des réseaux des puissants et des élites est passionnante. L’auteur possède une expertise réelle du sujet, visible notamment par la liste des livres qu’il a déjà écrit sur des thèmes connexes. Et il a mené de nombreux entretiens dont les citations parsèment avec finesse l’ouvrage.

Dénonciation des réseaux des puissants

Il dénonce le copinage entre puissants : Il dénonce par exemple avec justesse l’activité de lobbyiste chez des personnes ayant un mandat public ! M. Nouzille critique la « boite noire » que constitue le titre d’avocat, surtout quand il est pris par des politiques uniquement pour masquer des bénéfices d’origine privés. Il rappelle que les avocats ont par rapport aux lobbyistes l’immense avantage d’être déliés de toute obligation de déclaration sur des prestations réalisées ! C’est donc un travail très intéressant !

J’ai néanmoins une petite critique à faire : J’ai été étonné du parti pris par l’auteur. Si certaines dérives du copinage sont édifiantes et doivent être combattues, son insistance à critiquer toutes formes de réseaux pourvus qu’ils soient proches du pouvoir me semble réductrice.

Réseau du Siècle

Prenons le cas du célèbre réseau des élites « Le Siècle«  . Que ce réseau permette une trop forte connivence entre des journalistes politiques et des politiciens est évidemment un travers. Mais qu’il permette de rapprocher des influenceurs dans des domaines aussi éloignés que la politique, les affaires, le journalisme, la culture, le droit… est un atout. Et ça a été la raison d’être de cette association qui a été créée pour rapprocher des mondes qui se parlent peu. Le réseau a été créé par rapprocher les élites déchirées après la seconde guerre mondiale pour recréer une dynamique communique. Il est le pendant de l’ENA créé à la même époque qui devait recréer une haute administration. Donc critiquer les dérives : oui. Critiquer le fondement même du réseau : non.

Pantouflage

Autre exemple : L’auteur s’attaque au « pantouflage » Il a raison quand cela concerne un homme politique qui par goût du lucre va vendre son carnet d’adresse. Il a tors (du moins, il me semble) quand pour changer d’air, un énarque ayant fait toute sa carrière dans la fonction publique décide de découvrir le monde du privé, qu’il était d’ailleurs censé avoir servi durant sa carrière administrative… Personnellement, je serai même favorable à plus de transversalité et à des « stages » obligatoires tous les 5 ans d’un monde vers l’autre. Encore une fois, si la dérive est critiquable, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain.

Même fonctionnement pour les plus riches comme pour les plus pauvres

La dynamique de réseau qui veut que des personnes qui se côtoient régulièrement se fassent confiance n’est pas non plus critiquable. Les ressorts psychologiques et sociologiques qui sous-tendent les relations humaines sont les mêmes pour les plus riches comme pour les plus pauvres. Ces ressorts s’imposent à nous, et mieux vaux savoir les utiliser qu’en être la victime. Que des personnes échangent entre elles et partagent de l’information, est la base même de la création d’intelligence collective. Stigmatiser les puissants uniquement parce qu’ils ont réussis, me semble une résurgence de la lutte des classes. J’imagine que l’auteur a aussi ses réseaux. Et qu’il en use d’ailleurs avec beaucoup de pertinence (voir un précédent article sur la trahison des médias).

Dérive vers l’illégalité des réseaux des puissants

Ce qu’il faut combattre c’est la dérive vers l’illégalité. Et le travail de Vincent Nouzille aurait été encore plus intéressant s’il avait pu détecter au sein des réseaux des puissants qu’il présente, quand et comment se fait le franchissement de la ligne jaune. En quoi notre société actuelle serait propice à ce genre de dérive. Et la place de la France par rapport à d’autres pays voisins. Des questions qui trouveront certainement une réponse dans un prochain ouvrage…

Au final, par-delà cette critique des réseaux des puissants c’est un livre passionnant qui permet d’avancer dans la compréhension des ressorts du copinage entre puissants.

Jerome Bondu

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