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Influence

Les fakenews, arme de destruction massive ?

By 12 juin 2023No Comments
Gérald Bronner_Fakenews arme de destruction

Dans le cadre du colloque EcoPoss « Osons le futur », organisé par la Catho de Lille, Gérald Bronner a animé une conférence le 27 octobre 2022. Le thème de son intervention portait sur les Fakenews arme de destruction massive. La conférence était organisée par l’ISTC de Lille, école dans laquelle j’ai le plaisir d’intervenir (voir l’atelier Qui va dominer le monde numérique). Ces quelques notes ne prétendent pas être un compte rendu, et n’engagent de moi.

Gérald Bronner

« Gérald Bronner est Professeur à la Sorbonne, membre de l’Académie des technologies et de l’Académie nationale de médecine. Sociologue, il travaille notamment sur les croyances collectives et a publié de nombreux ouvrages sur ces questions. Ses travaux ont été couronnés de plusieurs récompenses, dont le prix des Lumières. J’ai chroniqué quelques-uns de ces livres :

Introduction sur les fakenews arme de destruction

La manipulation est présente dans toutes les sphères de notre vie, privée comme professionnelle. La manipulation touche les élections, nous envahit sur les réseaux sociaux, devient une zone de combat dans la guerre déclarée par la Russie… Comment faire ?

Bronner commence son allocution par la projection d’un tweet de PZFeed Ebooks qui annonce des attentats à Paris le 11 novembre 2015. Ce qui peut sembler une prédiction incroyable. L’intervenant nous rappelle qu’à chaque fois que l’on tombe sur un événement improbable, il faut se poser la question de la taille de l’échantillon. Si on gomme cela, on considère l’événement comme extraordinaire. En l’occurrence le bot PZFeed Ebooks a publié de très nombreux tweets annonçant des attentats. L’annonce de Paris est donc due au plus pur hasard.

Exemple de fakenews

Fakenews, arme de destruction

Nous sommes en danger de crédulité. À quoi est due cette cacophonie informationnelle ?

Il faut d’abord évoquer ce qui constitue l’infox :
– D’abord, dans une infox, il y a toujours un semblant de rationalité. C’est souvent crédible.
– Ensuite, ces infox jouent sur les biais cognitifs qui sont l’équivalent des illusions d’optique pour notre compréhension. Ces biais sont des facilités de raisonnement. Le cadrage d’une information oriente notre perception et donc notre positionnement.

On peut ensuite évoquer les promoteurs des infox :
– Des groupes minoritaires vont avoir une exposition supérieure à leur représentativité (tyrannie des minorités). Nous allons avoir tendance à penser qu’ils ont raison (c’est le biais de popularité). Notre croyance se fonde sur les opinions des autres.

Notre positionnement est aussi critiquable :
– La neutralité et l’inaction de la majorité renforcent les prosélytes. Le mal n’a pas besoin d’autre chose que de l’apathie des gens de raison. 1% des comptes sur les réseaux sociaux représentent 33% des publications.
– Mais quand bien même une catégorie de personne voudrait réagir, on s’aperçoit que le processus est compliqué. Dans la diffusion d’une infox, il y a aussi très souvent une multiplication des arguments. Par exemple, sur les attentats de Charlie Hebdo il y a eu ce que l’on appelle un « millefeuille argumentatif ». Malgré tous les efforts des journalistes, ces derniers n’ont pu traiter qu’un tiers des arguments des complotistes. D’où la loi de Brandolini « il faut infiniment plus de temps pour rétablir la vérité sur une ânerie que pour la produire ». En outre, une fausse information est six fois plus partagée que la vraie information. Et pour finir ce cycle négatif, face à un travail d’argumentation des complotistes et de desargumentation, la personne neutre va accorder plus de crédit au conspirationniste.
– D’une manière générale, face à la multiplication des arguments des complotistes, on assiste à une baisse de la vigilance intellectuelle. Nous avons en guise de cerveau un avare intellectuel (lire sur le sujet Le bug humain). Gérald Bronner appelle de ses vœux le développement d’une pensée analytique et de l’esprit critique. Il faut, dit-il, une « révolution pédagogique ».

Comment lutter contre les fakenews ?

Face à nos problèmes de surinformation, Gérald Bronner présente plusieurs bonnes nouvelles :
– D’abord, nous avons dans le cortex préfrontal un dispositif de jugement rationnel. Cela dispositif apparait dès 24 mois. Par exemple, dès 7 ans les petits commencent à douter du père Noël.
– Ensuite, internet offre une augmentation de la disponibilité de l’information, et donc de la possibilité de vérification.
– Enfin, la baisse de notre temps de travail permet plus de disponibilité mentale et donc de temps de cerveau disponible pour réfléchir.

Gérald Bronner a écrit un livre qui présente 30 recommandations (paru aux PUF) et résultat d’un groupe de travail. À nous de jouer …

N’hésitez pas à consulter nos formations spécialisées sur les techniques d’analyse :
A1 – Formation sur les techniques d’analyse
A2 – Formation Benchmarking concurrentiel et de réputation numérique

Plus d’information sur EcoPoss. Lire aussi le compte rendu de la conférence d’Étienne Klein « Le futur existe-t-il déjà dans l’avenir ? »

Jérôme Bondu

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