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Gestion des connaissances

A lire : L’information veut être libre. La transparence de l’information

By 7 février 2024No Comments
transparence de l'information

J’ai lu « L’information veut être libre » de Laurent Rouyrès. Sous-titré « De la transparence morale à la transparence des sociétés côtés. » Dans ce court essai, l’auteur analyse les enjeux, freins et bénéfices de la transparence de l’information pour les entreprises.

Laurent Rouyrès et la transparence de l’information

J’ai eu l’occasion d’écouter Laurent Rouyrès lors d’une réunion organisée par Thibault Renard dans le cadre de l’association des anciens auditeurs de la session intelligence économique de l’IHEDN. Laurent nous a fait une présentation passionnante de son parcours de sportif de haut niveau, puis d’homme d’affaires. Il a prouvé que la pugnacité, l’agilité, le fait de réfléchir différemment (dans un secteur où règne l’uniformité) est souvent payant.

Laurent Rouyrès est président de Labrador édition, dont le métier est de publier des rapport et publication pour les entreprises. La transparence de l’information et notamment la transparence financière est donc son cheval de bataille. Ce qui l’a amené à avoir une réflexion sur le rôle des informations au sens large.

Transparence de l’information

Voici les grandes articulations de son livre :

  • La transparence est la condition nécessaire de la confiance pérenne.
  • Si la transparence appartient au champ de la morale, elle peut néanmoins être mesurée (dans les publications des entreprises) de manière objective.
  • Être transparent ne signifie pas « tout dire ».
  • Les outils au service de l’opacité sont multiples : noyer, omettre, tordre, bruiter l’information …
  • Être transparent demande un effort, mais qui est toujours payant sur le long terme.
  • C’est souvent les grands scandales qui font avancer les lois sur la transparence.

La dernière partie de l’ouvrage liste les grands jalons de la transparence de 1929 à nos jours. Cette courte partie n’est pas la moins intéressante. L’auteur fait un panorama des scandales qui ont à chaque fois renforcé les procédures de surveillance et les obligations de publication. Mais on a l’impression que c’est une lutte sans fin tant les scandales se répètent année après année.

L’information a besoin d’être libre

On trouve dans le livre des réflexions et belles formules (à l’instar du titre), agrémentées de nombreux graphiques. En voici quelques extraits.

Vulgarisation

L’ouvrage fait une bonne vulgarisation. J’ai bien aimé notamment la métaphore :
« La chaleur ou le mouvement font depuis longtemps l’objet d’une réflexion scientifique ; mais il a fallu attendre le XVIIIe siècle pour qu’émerge le concept d’énergie, considéré aujourd’hui avec la matière, comme l’un des grands principes explicatifs de l’univers ». Et l’auteur continue :

« De la même manière, c’est seulement à partir du milieu du XXè siècle que l’information acquiert à son tour le statut de grandeur scientifique, voire de principe fondamental – aux mêmes titres que l’énergie et la matière ».

L’auteur fait preuve d’une belle culture avec de nombreuses références historiques, économique ou sociologique. Il rappelle par exemple que le « bit » est la contraction de l’anglais « binary digit » qui signifie « chiffre binaire ». Mais qui est aussi un jeu de mots avec « bit » qui signifie petit morceau.

Sur l’attention

Il reprend Herbet Simon qui explique que « ce que l’information consomme est assez évident : elle consomme l’attention de ses destinataires. Il en résulte que l’abondance d’information génère un appauvrissement relatif de l’attention, et le besoin d’allouer cette attention efficacement face à la surabondance des sources d’information, qui pourrait la consommer totalement ». C’est visionnaire !

Sur la clarté

L’auteur souligne abondamment la difficulté d’être clair et transparent, de divulguer la bonne information. Il reprend l’aphorisme d’Alan Greenspan « Si vous m’avez compris, c’est que je me suis mal exprimé ».

Sur les freins et blocages de la transparence

« Après le secret, le plus évident des ennemis de la transparence est certainement la tromperie ». Laurent présente les techniques suivantes :

  • Communiquer des informations erronées.
  • Communiquer des informations tronquées (mensonge par omission).
  • Noyer l’information pertinente dans un flot non pertinent pour la masquer.
  • Présenter l’information de manière à induire des conclusions fausses (distorsion).
  • Masquer l’information par un jargon peu ou mal compréhensible.
  • Attirer l’attention sur des informations non pertinentes.

Sur ce sujet, qui est aussi au cœur des réflexions en intelligence économique, vous pourrez vous reporter à mes notes de lecture de Clément Viktorovitch « Le pouvoir de la rhétorique ».

J’ai aussi produit une petite cartographie qui présente les grandes pathologies de l’information : surinformation, sousinformation, désinformation, mésinformation.

Pour aller plus loin sur la gestion de l’information

Ce livre sur la transparence de l’information est évidemment publié par la maison d’édition Labrador.  J’ai découvert en écrivant cette note que l’expression qui a donné le titre du livre « L’information veut être libre » vient de Stewart Brand qui l’a prononcé en 1984 et qui fait partie de l’histoire du mouvement pour le contenu libre de l’informatique.

Je vous recommande pour finir (on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même) mon dernier livre sur l’intelligence économique et mes formations sur l’intelligence artificielle au service de l’intelligence économique ! C’est un incontournable dans la période actuelle. Et cela participe à la transparence de la recherche d’information 🙂 Prochaine session le 29 février en distanciel.

Jérôme Bondu

 

 

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