
J’ai lu le hors-série du magazine Sciences humaines, janvier-février 2025, intitulé « Origines de l’humanité ». Je ne fais pas un résumé des plus de 100 pages du magazine : je me contente de soulever quelques sujets d’intérêt.
Avertissement : Cette note de lecture ne reflète pas mes idées, et encore moins celles des structures avec lesquelles je travaille. Les phrases entre guillemets sont issues du magazine.
Origines de l’humanité
Les débuts de l’humanité : de nouveaux scénarios
Cet article pose – entre autres – la question de la ligne de démarcation entre l’Homme et les animaux. Il souligne l’avalanche récente de publications concernant l’intelligence et la conscience, non seulement des primates, mais aussi des oiseaux, poulpes ou insectes.
Extrait : « Selon des primatologues comme Frans de Waal, ces études remettent en cause la définition de notre supposée “humanité”. Seul notre orgueil d’espèce nous pousserait à nous croire supérieurs ou différents. » J’avais fait une note sur le livre de Frans de Waal « Sommes-nous trop bêtes pour comprendre l’intelligence des animaux ? »
Je passe rapidement sur les articles suivants : « La lignée humaine : une histoire buissonnante », « Comment le cerveau humain a évolué », « Quand la pensée est-elle apparue ? », « Les quatre âges de la pensée », « Préhistoire : la révolution paléogénétique », pour m’arrêter sur la naissance du langage.
Homo erectus disposait-il d’un langage ?
C’est un sujet sur lequel on ne peut pas faire l’impasse quand on s’intéresse (comme moi) aux grandes révolutions informationnelles. L’enseignement principal de l’article est que l’on a reculé l’époque à laquelle nos ancêtres auraient pu développer un langage.
Extrait : « Récemment, plusieurs auteurs ont cependant avancé une thèse nouvelle, selon laquelle le langage, au moins sous la forme d’un protolangage, serait apparu il y a beaucoup plus longtemps qu’on le pensait : peut-être dès Homo erectus, il y a 1,6 million d’années. »
Des chercheurs travaillent à retrouver cette langue originelle. Comment s’y prennent-ils ? Plusieurs pistes :
- L’analyse du langage des grands singes ayant appris la langue des signes ;
- Le langage des enfants de moins de deux ans ;
- Le langage des tristement célèbres “enfants-placard” étudiés aux États-Unis ;
- Les pidgins.
L’étude de ces quatre pistes a permis aux chercheurs de trouver deux points communs :
- Ces langages ne sont composés que d’éléments concrets (fruit, bois, maison, manger…) ;
- ils ne possèdent pas de grammaire.
Sur ce sujet, on pourra se reporter à ma note de lecture Les origines du langage, de Pascal Picq et Bernard Victorri.
L’art avant l’art
De cet article, je retiens que notre cousin Néandertal aurait décoré des grottes bien avant Homo sapiens. Cela contribue à changer notre vision de celui qui a longtemps été considéré comme une brute épaisse.
Des inégalités vieilles comme le monde
Tiens, à propos de brutes : dans cet article, on lit que c’est « avec l’invention de l’agriculture sédentaire, il y a environ dix millénaires, et dans plusieurs régions du monde, qu’apparaissent les premières formes indiscutables d’inégalités sociales visibles ». Hum, hum.
Au commencement était la guerre
Les indices de conflits violents se multiplient au Néolithique, témoignant en faveur de l’existence de guerres préhistoriques. J’avais organisé une conférence au Club IES avec Marylène Patou-Mathis sur le thème « Préhistoire de la violence et de la guerre ».
On lit dans cet article le destin incroyable de Narcisse Pelletier, le « sauvage blanc » recueilli par des Aborigènes de Nouvelle-Guinée.
Questions sur les religions premières
Tout comme la question du protolangage, la question de la protoreligion est passionnante. Pour remonter le fil, les spécialistes ont quatre pistes : l’analyse des sépultures, les mythes, les peintures rupestres et l’examen de peuples dits « premiers » encore présents de nos jours. Je vous propose une petite description de la méthode d’analyse des mythes. Pour ne pas dire de bêtise, je vous en livre un extrait :
« Les ethnographes et folkloristes du monde entier ont rassemblé depuis plus d’un siècle des milliers de mythes originaires de tous les continents, qui ont été répertoriés, catalogués et intégrés à des bases de données. (…) Chaque mythe est ensuite découpé en “motifs” élémentaires, de la même manière qu’un génome est séquencé en gènes. Les mythes qui comportent des motifs identiques sont supposés apparentés : si deux mythes comportent plusieurs motifs communs, on peut supposer qu’ils proviennent d’un mythe commun plus ancien. »
Sur ce sujet, j’avais beaucoup apprécié L’Odyssée du Sacré, de Frédéric Lenoir.
Je passe sur les articles suivants, intéressants mais sur lesquels je n’ai pas pris de notes : « Les deux naissances de la guerre », « Le commerce a-t-il toujours existé ? », « Aux sources de la domination masculine », « Le Néolithique n’est plus ce qu’il était », « Les graines de l’au-delà. Une autre histoire de l’invention de l’agriculture ».
« Origines de l’humanité » est édité par Sciences Humaines.
Pour finir, deux anciennes notes de lecture du paléoanthropologue Pascal Picq, que j’avais rencontré dans le cadre de l’APM :
- Un paléoanthropologue dans l’entreprise.
- À la recherche de l’homme, de Pascal Picq et Laurent Lemire.
Jérôme Bondu


