Avertissement : Cette note de lecture ne reflète pas mes idées, et encore moins celles des structures avec lesquelles je travaille, mais les idées de l’auteur. Les phrases entre guillemets sont issues du livre.
L’Emprise
J’ai lu La trilogie de l’emprise, de Marc Dugain, respectivement « L’emprise », « Quinquennat » et « Ultime partie ». J’ai trouvé ces ouvrages passionnants. Et cerise sur le gâteau, Marc Dugain écrit formidablement bien.
Marc Dugain est réalisateur et romancier français. J’avais lu et beaucoup apprécié « L’Homme nu, la dictature invisible du numérique » écrit avec Christophe Labbé.
Cette trilogie (dont le premier tome a été édité en 2014) porte sur les jeux politiques délétères d’hommes sans scrupule. Marc Dugain décrit les intrigues de palais en France, le sort de grandes entreprises, le monde de l’espionnage, de la géopolitique…
Wikipedia explique :
« Si Marc Dugain admet s’être inspiré de personnages et faits réels, il ne fait la plupart du temps pas de retranscription directe de ceux-ci. Ainsi le récit est une métaphore de l’affaire Karachi. L’auteur souhaitait mettre en avant les conséquences catastrophiques de certains actes liés au pouvoir et à l’argent. Il s’agit donc plus d’une dénonciation d’un système que d’un événement singulier. De même, si la plupart des personnages sont inventés, on reconnaît nombre de politiques dans leur personnalité et leurs agissements. »
Par exemple un certain Lubiak dans le roman fait penser à Cahuzac.
Intelligence économique
On y retrouve beaucoup d’analyses propres au monde de l’intelligence économique :
– Sur la communication d’influence. Dans le premier tome, Marc Dugain fait parler un politique français sur la technocratie européenne qui (selon le personnage) vit au-dessus des règles démocratiques. Le politique s’exprime en ces termes : « Il faut des catalyseurs. Pas des boucs émissaires, des catalyseurs. Si je veux élargir mon électorat, je dois montrer ma colère pour que celle des électeurs vienne se greffer dessus. »
– Sur la souveraineté économique. Dans le deuxième tome, le premier groupe d’armement privé français vend une de ses divisions à des étrangers. Américains, Chinois, Émiratis se portent acquéreurs.
– Sur l’hégémonie américaine. Extrait (deuxième tome) « Vous ne pouvez pas faire grand-chose (…). Toute atteinte au niveau de vie de la ménagère (américaine) est une déclaration de guerre. Certains diraient que c’est une forme d’impérialisme. Entre nous, je pense que c’est une forme de totalitarisme. À travers la NSA, ils écoutent tout le monde, ils sont chez eux partout. »
– Sur la perte de l’intérêt général au profit des profits particuliers : Extrait issu d’une discussion entre le président et son Premier ministre sur les agissements d’un poids lourd politique (deuxième tome) : « Il a accordé une dérogation aux Émiratis. Ils pourront effectuer des opérations immobilières en France sans y être imposés. Comme par ailleurs il vient d’annoncer un programme conséquent de vente de biens publics pour désendetter l’État, je ne te fais pas le dessin. On laisse faire ? ».
– Sur l’avenir du jeu politique français. Marc Dugain est très critique, voire totalement cynique (extrait du troisième tome) : « Toutes ces péripéties cachent la mort programmée du politique. Les grandes décisions se prennent ailleurs. Nos représentants connaissent le passé, pour les plus cultivés, appréhendent mal le présent, et quant au futur, il dépasse leur entendement. (…) Ceux qui l’on comprit s’en mettent plein les poches dans un élan mafieux qui gangrène la classe politique européenne. »
La trilogie de l’emprise, de Marc Dugain, est édité chez Folio / Galimard.
Dans la foulée, j’ai lu un quatrième livre de Marc Dugain Tsunami, qui était comme une prolongation de la trilogie l’Emprise.
Jérôme Bondu
